C’est le début de l’année et la période des bonnes résolutions non-tenues.
Et si, en réalité, la seule bonne résolution à avoir était de ne pas mourir ?
Lorsque l’auteur de Oona et Salinger et des mémoires d’un jeune homme dérangé s’attaque à la question, nous savons d’avance qu’elle ne sera pas traité à la légère.
Plus proche de l’enquête gonzo que du réel roman, cette auto-fiction irréelle n’en comporte pas moins des chiffres et informations totalement exactes.
Frédéric Beigbeder a vieilli.
Loin d’être encore le fêtard invétéré qu’il aimait se vanter d’être, il passe son temps entre hôpital, funérailles et tête à tête avec sa fille en garde alternée.
Lors d’une bête discussion avec cette dernière, il lui fait la promesse intenable de ne jamais mourir.
Mais cette promesse ubuesque l’est-elle vraiment ?
S’engage alors une course effrénée allant de la Suisse à l’Autriche et d’Israël aux Etats-Unis pour rencontrer les plus grands spécialistes du génome et de l’ADN humain.
tout ceci dans le but de contrer la grande évidence qui s’approche à grands pas.
Quand, aux premières pages, l’auteur nous averti qu’il a inauguré le premier roman d’un nouveau genre, la science-non-fiction, il ne faut pas le prendre de haut. Tous les faits, chiffres, tests, possibilités, analyses et progrès effectués sont véridiques.
Rajeunissement des cellules, rétrécissement des télomères, injection de cellules souches, oxygénation du sang, crisperisation de l’ADN, impressions d’organes en 3D, greffe d’organe de porc humanisé, implants d’intelligence artificielle, fusion homme-robot par stockage numérique sur l’ADN.
Tout ceci dans un but de remplacement de l’homo sapiens par une forme plus évoluée de surhomme ou Uberman.
Glaçant dans son fond, mais drôle, pertinent et impertinent dans sa forme, Une vie sans fin reste un pur produit Beigbederien et l’un de ses plus abouti depuis longtemps.
Le paroxysme étant atteint lors des échanges maladroits entre ce cinquantenaire effrayé par sa fin qu’il sait proche et sa fille de dix ans ne rêvant que d’un selfie avec des stars de cinéma.
La gaucherie de l’un et l’incompréhension d’un monde qui part à vau-l’eau de l’autre se télescopent pour donner des scènes touchantes et drôles à la fois.
Extrait:
– Un bon père est celui qui se demande s’il est un mauvais père.
– C’est bien trouvé ça. C’est de Freud ?
– Non : de vous. Vous avez prononcé cette phrase en 2007, sans doute pour vous rassurer quand vous trompiez sa mère. A l’époque de notre première psychothérapie, vous parliez déjà de votre peur de vieillir. Syndrome de Peter Pan classique chez le quadragénaire occidental. La peur de l’âge est une angoisse de la mort travestie en hédonisme attardé.
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