Chaque rentrée littéraire nous amène son lot de têtes d’affiche et une petite partie d’outsiders.
Comme souvent, ce sont ces auteurs moins connus qui ouvrent la voie de la diversité dans la littérature. Penchons-nous donc sur ce premier roman d’une artiste anglaise qui n’en est pas à son coup d’essai en matière d’expression:
Kate Tempest naît le 22 décembre 1985 à Brockley dans le sud-est de Londres.
Principalement connue pour son travail en matière de rap, c’est également une poétesse et dramaturge, malheureusement encore non-traduite chez nous.
Le roman, arrivé chez nous en ce début d’année par la maison Rivages, met en scène trois personnages dans le sud de Londres.
Balancés entre le cynisme et l’idéalisme, ils tenteront par tous les moyens de se construire un avenir dans le domaine qui les passionne.
Il y a Becky, fan de danse ayant eu tellement de mal à se démarquer qu’elle se voit, aujourd’hui, confrontée à la génération suivante sur les castings et manque de rater sa chance. Elle se voit donc faire toute sorte de travaux sans rapports pour subvenir à ses besoins.
Harry travaille dans le marché de la drogue pour les grands patrons de la city tout en cherchant un sens dans sa vie de femme androgyne et homosexuelle auprès d’une mère qui ne peut le comprendre.
Sa rencontre par hasard dans une boîte de nuit avec Becky bouleversera totalement sa vision des choses.
Leon est l’associé de Harry et représente la partie physique de l’entreprise. Passionné de lecture et de sport, c’est un sanguin qui ne trouve son salut que dans la violence urbaine et la castagne quotidienne.
Le livre est un grand flash-back, un an avant le premier chapitre, qui voit nos trois protagonistes fuir la ville au volant de leur voiture, visiblement poursuivis.
La narration fait s’entrechoquer les personnages sur différents niveau, différentes époques, nous raconte avec une virtuosité de plume et une rythmique que l’on ne retrouve que dans le rap ces destins perdus qui feront tout pour se démarquer de leur morne quotidien.
Ce livre n’est pas un roman à suspens.
C’est un grand roman social, noir, froid et percutant comme peut l’être la musique de Kate Tempest ou les coups que reçoivent les gens bloqués dans cette situation.
Londres n’est pas montrée sous son plus beau jour, constamment grise et humide, mais poétique au possible : L’hiver posa ses mains solennelles sur la ville et éteignit d’une caresse les couleurs du ciel.
Extrait: Becky voit cet homme assit à l’arrêt de bus, nourrissant des pigeons dodus pendant que juste à côté de lui, un sans-abri tient faiblement une pancarte indiquant j’ai faim et j’ai une famille, je n’ai plus droit aux allocations chômage.
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