Underground Railroad, un roman au succès mérité
Magistral. Palpitant. Nécessaire. Underground Railroad est un des meilleurs romans de cette rentrée littéraire. Auréolé aux Etats-Unis de nombreux prix littéraires dont le Prix Pulitzer 2017, il a aussi été recommandé par Barack Obama en personne : « Ce livre me rappelle que la douleur d’avoir été esclave se transmet de génération en génération et il explique aussi comment elle peut changer les esprits et les coeurs ».
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Colson Whitehead chez lui à NY en 2016. Source : Le Point
Colson Whitehead, en proposant une intrigue singulière, avec un soupçon de science-fiction, élève ce récit au rang des lectures indispensables concernant l’esclavage. Il s’agit bien d’un nouveau livre passionnant sur le sujet et non d’un énième livre.
Géorgie. Cora, esclave dans la plantation des Randall, accepte de suivre Caesar dans sa fuite. Cora découvre alors l’existence du chemin de fer souterrain, l’Underground Railroad, qui lui permettra de quitter la Géorgie afin de rejoindre le Nord du pays, abolitionniste.
En route, elle s’arrêtera en Caroline du Sud, dans l’Indiana et le Tennessee. En s’inspirant des Voyages de Gulliver, l’auteur imagine, dans chaque Etat, l’existence d’une société totalement différente. Chaque fois, les situations auxquelles Cora devra faire face vous feront réfléchir sur la notion de liberté au sens large, de la liberté d’action à la liberté de penser.
L’habile écriture de l’auteur nous tient en haleine, 400 pages durant. Cora a fui et elle est recherchée par un des chasseurs d’esclaves les plus redoutables du pays : Arnold Ridgeway. Une traque semée d’embûches, dont la violence est inouïe.
Underground Railroad a des réminiscences de Racines d’Alex Haley, dont vous retrouverez un article sur ce blog : https://blog.fnac.ch/litterature-polar/prix-litteraire-mois-racines-prix-pulitzer-1977/
On s’attache au destin de Cora, prête à tout pour être enfin libre. On revient sur l’histoire de sa famille et les origines de l’esclavage. Mais à la différence d’Alex Haley, Colson Whitehead accorde ici une part plus importante du récit à l’existence des chasseurs d’esclaves, aux tortures atroces dont étaient victimes les esclaves en fuite.
L’Underground Railway, un réseau de routes clandestin
Colson Whitehead matérialise ici l’Underground Railway en imaginant l’existence d’un chemin de fer souterrain qui permettrait aux esclaves en fuite de rejoindre les Etats du Nord, abolitionnistes. Dans la réalité, ce que l’on nomme aujourd’hui l’Underground Railway était un réseau de routes clandestines.Le système reposait sur des relais de caches et de passeurs. Des passages qui s’effectuaient souvent de nuit avec la complicité de Noirs libres, fidèles et pasteurs.
Les abolitionnistes s’organisèrent ainsi pour aider les Noirs à quitter les Etats esclavagistes. Des villes comme Boston, New York et Philadelphie prenaient en charge les esclaves en fuite avant de les emmener en lieu sûr, dans le Nord du pays ou au Canada.
Un élément de l’histoire de l’esclavage qui reste encore méconnu. Colson Whitehead apporte ainsi sa pierre à l’édifice en nous rappelant l’existence de cette solidarité qui a permis à des esclaves de vivre enfin en liberté. Ce livre est aussi un hommage à tous les autres, encore plus nombreux, tombés sous la torture, la fatigue, sans jamais connaître la liberté.
Chapeau, donc, à Colson Whitehead.
Bonnes lectures
Sandrine
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