La rentrée littéraire 2018 chez Actes Sud est une nouvelle fois, un excellent cru. Après avoir découvert Raphaël Jerusalmy, je vous propose de poursuivre nos pérégrinations historiques. Dans Un océan, deux mers, trois continents, Wilfried N’Sondé aborde tant les thèmes de la foi que de l’esclavage.
L’histoire de Dom Antonio
Nsaku Ne Vunda est un personnage méconnu de l’histoire et Wilfried N’Sondé le place au cœur de son roman. Nous sommes en 1583, sur les rives du fleuve Kongo. Désormais baptisé Dom Antonio Manuel, cet homme prêche si bien la bonne parole dans sa congrégation que le voilà chargé par le roi des Bakongos de devenir son ambassadeur auprès du pape.
Le récit bascule rapidement, dès lors que Dom Antonio réalise que le bateau sur lequel il embarque est en fait un négrier qui prend non pas la route de l’Europe mais celle du Nouveau Monde… Sa place est aux côtés des hommes d’équipage.
Statue de Dom Antonio. Source : culture congolaise
Wilfried N'Sondé. Source : africultures
Une foi mise à rude épreuve
Cette traversée de l’Atlantique à bord du Vent Paraclet est un événement marquant, c’est peu de le dire, dans la vie de Dom Antonio. Car ce qu’il y voit ébranle lourdement sa foi, va à l’encontre de ses principes, de ses prêches et des préceptes qu’on lui a inculqués lors de son éducation catholique. Comment Louis de Mayenne, à la tête de cet équipage, peut-il agir en toute impunité, sous les ordres d’un roi de France catholique ? Et puis il y a Martin, un membre d’équipage intriguant, sensible, avec qui il noue une amitié solide.
Autant de questionnements qui ne sont pas sans rappeler le Candide de Voltaire. Quel impact ce voyage aura-t-il sur la vie de cet homme qui a consacré sa vie à Dieu ? Je vous laisse le découvrir… Un océan, deux mers, trois continents est un récit poignant sur un homme de foi, aujourd’hui oublié, à qui Wilfried N’Sondé rend ici un vibrant hommage.
A travers ce récit, l’auteur met aussi en lumière un fait moins souvent abordé dans les romans traitant de l’esclavage : la complicité de certains hommes prêts à vendre des membres de leur famille ou à dénoncer, par cupidité. Ces victimes embarquaient sur les négriers, direction l’Amérique.
Belle lecture à vous
Sandrine
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