L’été de la sorcière
Les Éditions Picquier se sont spécialisé dans la littérature venue d’Asie et publient pour la deuxième fois l’autrice japonaise Kaho Nashiki. Au Japon, L’été de la sorcière, aura un magnifique succès et sera couronné de trois prix, avant d’être adapté au cinéma en 2008.
La grand-mère de Mai, une vieille dame d’origine anglaise mène une vie solide et calme au milieu des érables et des bambous, juste après un col, tout au bout de la route dans une forêt.
Mai, 13 ans, ne veut plus retourner en cours, oppressée par l’angoisse et la souffrance intérieure. Alors on l’a envoyée auprès de sa grand-mère pour se reposer. Cette grand-mère un peu sorcière va lui transmettre les secrets des plantes qui guérissent et les gestes bien ordonnés qui permettent de conjurer les émotions qui nous étreignent. Ce n’est pas le paradis, même si la lumière y est si limpide, car la mort habite la vie et, en nous, se débattent des ombres comme la colère, le dégoût, la tristesse. Mais auprès de sa grand-mère, Mai apprendra à laisser derrière elle son mal-être pour faire confiance aux forces de la vie, et aussi aux petits miracles tout simples qui nous guident vers la lumière. Cueillir des fraises des bois et en faire une confiture d’un rouge cramoisi, presque noir. Prendre soin des plantes du potager et aussi des fleurs sauvages simplement parce que leur existence resplendit. Écouter sa voix intérieure. Ce livre prend sa source dans les souvenirs d’enfance et les mots coulent en nous comme une eau claire.
Ce tout petit roman de moins de 200 pages est une ode à la sagesse. A la vieillesse sûrement, mais je me refuse à croire qu’il nous faut attendre l’âge avancé pour ressentir cette sérénité.
« L’air est pur et limpide, une nouvelle journée est sur le point de commencer. Je fais bouillir de l’eau, je me prépare un thé. Puis je sors dans le jardin et je me réjouis du spectacle de mes plantes.»
Par de petits gestes quotidiens, mettre de la distance avec les émotions. Ne jamais le retenir, ou les nier, simplement les apprivoiser pour pouvoir cohabiter.
Prendre le temps de faire, se concentrer sur l’acte et profiter du plaisir de l’accomplissement.
Tout est délicatesse dans ce roman, tout est sensoriel et tout embaume. Tout est profond sans jamais faire preuve de gravité. Il s’en passe pourtant des chamboulements dans cette histoire mais on les accueille avec sérénité, assuré du juste cours des choses.
Cette grand-mère vivra dans mon cœur pour le reste de mes jours et son monologue final est un bouleversement qui m’a ému aux larmes.
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