Les somnambules
Sous les pavés, la plage…
Parce que Les somnambules de Chuck Wendig est un pavé de 1167 pages… Et pas une de trop ! Un roman fleuve où chaque mot, chaque personnage, chaque rebondissement est un émerveillement.
Dans un petit village de Pennsylvanie, Shana surprend sa sœur, Nessie, quittant d’un pas résolu leur maison. Lorsqu’elle tente de l’intercepter, la petite fille ne réagit pas à sa présence. Mutique, absente, le regard vide, elle avance… Croyant à une crise de somnambulisme, Shana commence à la suivre. Rapidement, elles sont rejointes par un deuxième errant, frappé des mêmes symptômes que Nessie. Puis un autre. Bientôt, ils sont des centaines à converger vers la même destination inconnue, tandis que leurs proches, impuissants, leur emboîtent le pas. Très vite, cette mystérieuse épidémie enflamme le pays.
Une pandémie mondiale frappe l’humanité et fait s’effondrer la société, la scindant en deux. Les somnambules s’inscrit dans notre réalité Covid et pourtant l’auteur rédige son roman en 2019. Est-ce pour cette actualité qu’il m’a si profondément touchée, et les lecteurs du monde entier également ?
Non, définitivement non. Ce sont les personnages du roman qui me bouleversent et les liens que l’auteur parvient à nouer entre eux. Les émotions sont si fortes, si belles ou si cruelles que vous absorbez littéralement le scenario ! Chuck Wendig fait preuve d’une intelligence incroyable au fil des pages. Il dépeint la complexité de notre société avec brio et propose tant de nuance qu’on en vient à souhaiter que la population mondiale lise son ouvrage. Peut-être ainsi notre société prendrait de la distance avec la peur qui nous divise quotidiennement.
Parce que c’est l’essence même de ce roman : la peur. Comment nous réagissons face à l’inconnu… Face à la peur, nous tentons de rationaliser, de toute nos forces et en découle, souvent, un manque de raisonnement. C’est là la force même de la peur, quand on lui laisse la place.
C’est avec une lucidité incroyable que Chuck Wendig décrit ces schémas et avec une acuité folle qu’il met en lumière le danger que représente ceux qui savent instrumentaliser la peur.
Un roman passionnant, intense qui démontre les mécanismes de la contamination : bactérienne ou idéologique !
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