Bon sang de bonsoir, mais qu’est-ce que je fous là ?
A l’entrée du périph, un vieux monsieur, peignoir en velours et chaussons en peluche effilochés, se répète inlassablement cette question. Échappé de son Ehpad, Mariole, tueur à gages, ne se souvient plus de rien, sauf d’une chose : il lui reste une mission à accomplir. Seul problème, il ne sait plus laquelle. Sur ce même périph, Mathilde, victime de revenge porn, jetée en pâture sur les réseaux sociaux, bourrée d’anxiolytiques pour oublier; elle se dit que le plus simple est peut-être d’en finir…
Bon sang de bonsoir, mais qu’est-ce que je fous là? Cette question semble évidente pour un Alzheimer, pourtant elle l’est tout autant pour Mathilde! Qu’est-ce qu’on fout dans ce monde que déraille, dans cette société de merde où la violence quotidienne côtoie l’injustice crasse et qu’on doit bricoler avec la morale pour continuer de paraître?
Alors qu’est-ce qu’il fout là ce duo improbable? Et bien il va rendre justice, ramener un peu de solidarité et d’empathie, tendre une main pour soutenir et de l’autre; défourailler tous les connards!
Après un Mamie Luger inoubliable, Benoît Philippon revient aux anciens avec un Papi tout aussi mémorable! Un trio d’exception qui vous entraine dans un périple jubilatoire! Trio? Oui, parce qu’il ne faut pas oublier Madame Chonchon; cochon domestique qui sera le lien indéfectible de nos deux justiciers! Papi Mariole est un polar désopilant qui allie tendresse, humanisme, originalité, humour et sagacité!
S’il me fallait résumer Philippon je dirais: une plume magistrale dans un style particulier : le cynisme, la parodie et la tendresse infinie pour les gueules cassées. Benoit Philippon est aussi un auteur terriblement féministe, toutes ses héroïnes sont grandioses et au travers des vies de ces petites gens, il nous offre des personnages à qui toutes les femmes peuvent s’identifier ou se référer ! Il souligne à merveilles les saloperies que la vie met en travers de celles de femmes et propose des solutions jouissives et libératrices pour y faire face ! Besoin d’évasion et de justice? Foncez; vous aller rire, grogner et vous risquer à quelques larmichettes!
Si Mamie Luger est LE best-seller de l’auteur, que Papi Mariol est promis au même avenir, ne passez pas à côté des autres romans de l’auteur. Tous débordent d’intelligence et de personnages incroyables!
Cabossé
Luciole Tomate écrasée & Love Story
« Quand Roy est né, il s’appelait Raymond. C’était à Clermont. Il y a quarante-deux ans. En avril. le 1er pour être exact. Si la vie avait de l’humour, on aurait pu croire au fameux poisson dudit jour tant la tronche de cet enfant ressemblait à une blague. Et pas de bon goût encore. »
Roy est comme tout le monde, il aimerait bien ne pas finir seul. Mais avec cette blague qui lui sert de figure, il a bien du mal a entrer en contact avec la gente féminine. Alors Roy s’inscrit sur un site de rencontre et là, c’est le drame… Un clic et Guillemette entre dans sa vie. Une adorable insouciante, joyeuse et pétillante demoiselle qui n’en a rien à carrer de sa gueule cassée.
Roy et Guillemette c’est la Belle et la Bête moderne, du Audiard dépoussiéré, un Sailor et Lula burlesque et jubilatoire.
Joueuse
Poker Thriller & Féminisme
Maxine est une des ces femmes à qui rien ne résiste. Elle est joueuse, de la vie et des cartes, elle est « une putain de guerrière » Loin des clichés de la femme Forte, Amazone libre et dévastatrice, Maxine est une plaie à vif, une âme perdue qui souffre et chevauche la vie à en perdre haleine. Maxine n’est pas une victime qui lutte pour survivre, Maxine est une guerrière qui se bat pour l’Honneur ! Une tornade qui défie le monde, bien décidée à régler ses compte dans l’univers si masculin du poker, qu’importe la mise !
Maxine va rencontrer Zack, joueur professionnel comme elle, et lui propose une alliance pour battre un concurrent redoutable. Piège ou vengeance ? Dans ce monde de bluff, tout est faussé mais impossible pour Zack de résister à la tentation du jeu. Zack c’est le manipulateur par excellence, le « roi parmi les losers plutôt qu’un prince parmi les winners ». Verrouillé, insensible, bocal hermétique à la moindre émotion, Zack à tout pour être détestable et pourtant comme ce personnage est attachant ! Peu-être parce que Baloo, son compère souligne merveilleusement ses failles. Baloo est l’humaniste improbable de cette aventure. Sauveur d’âmes qui semble n’avoir rien à faire dans cet univers de mensonge et de sécheresse sentimentale. Baloo est un juste parmi les faibles, missionnaire de l’honneur, prêcheur de la bonne parole mais capable de jouer avec ses poings !
Et puis il y a Jean, ce môme de sept ans, surdoué et surtout démoli. La force de ce gosse c’est l’intelligence, des mots, des neurones, des liens humains. Jean est le rayon de soleil de cette histoire, le fil émotionnel des relations. Il balance des coups de projecteur sur les failles de nos protagonistes, les empêchant de n’être que des manipulateurs calculateurs et insensibles. Jean c’est les blessures de la vie qui deviennent des armes, des éclats, des fulgurances.
Nos quatre « héros » vous emmènent dans la partie du siècle, mise de départ cinq cent mille euros, autant dire qu’on y joue sa vie. Ce parallèle entre poker et destinée est admirablement bien mené par Philippon ! Un polar palpitant qui souligne les luttes, l’amitié, la morale et le courage.
Petiote
Crise de nerfs en famille!
Pour récupérer la garde de sa fille, Gus, un père au bout du rouleau, se lance dans une prise d’otages dans l’hôtel de naufragés où il vit. Sa revendication ? Un Boeing pour fuir au Venezuela avec Emilie, sa petiote. Pour ce plan foireux, Gus s’allie à Cerise, une prostituée à perruque mauve. A eux deux, ils séquestrent les occupants déglingués et folkloriques du lieu : George, le tenancier, Boudu, un SDF sauvé des eaux, Fatou, une migrante enceinte, Gwen et Dany, un couple illégitime enregistré incognito, Hubert, un livreur Uber jamaïcain, mais aussi Sergueï, un marchand d’armes serbe. Et bien sûr, Emilie, son ado rebelle de quatorze ans. La capitaine de police Mia Balcerzak est la négociatrice de cette cellule de crise. Crises familiale, sociale, de la quarantaine ou de nerfs… quoi qu’il arrive, crise explosive ! Benoît Philippon nous ravit encore avec une comédie à l’humour aussi tendre qu’amoral.
Mamie Luger
Une grand-mère des plus attachante!
Six heures du matin, Berthe, cent deux ans, canarde l’escouade de flics qui a pris d’assaut sa chaumière auvergnate. Huit heures, l’inspecteur Ventura entame la garde à vue la plus ahurissante de sa carrière.
La grand-mère au Luger passe aux aveux et le récit de sa vie est un feu d’artifice. Il y est question de meurtriers en cavale, de veuve noire et de nazi enterré dans sa cave. Parce que toute sa vie, la vieille édentée à flingué à tout va ! Généralement des hommes qui lui ont manqué de respect, souvent des maris, les siens.
Berthe est un personnage hilarant, attachant et totalement irrespectueux. Elle est aussi un symbole féministe qui lutte contre la domination masculine et les violences faites aux femmes à coup de Luger. Qui suis-je pour juger de ses moyens ? Il y a des féminismes, j’ai donc envie de vous dire ; chacun ses armes.
L’interrogatoire de Berthe est une jouissance littéraire, un grand moment d’écriture, une prouesse du huis-clos ! Parce qu’a 102 ans, elle en a des choses a raconter (à avouer) !
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