Précarité et adolescence
D’acier : un regard cru et réaliste sur la jeunesse italienne
Le premier roman de Silvia Avallone
Silvia Avallone décrit ce qu’elle connait. Dans son premier roman, D’acier, elle parle de Piombino, cette petite ville de Toscane où elle a passé son adolescence. Et c’est avec ses deux héroïnes, Anna et Francesca qu’elle nous embarque dans un quartier ouvrier où l’avenir est sombre et froid comme l’acier.
Anna, 14 ans a trouvé bien plus qu’une meilleure amie en Francesca. Depuis toujours elles vivent à deux, dansent dans la salle de bain, parlent de garçons, courent se baigner sous le regard des autres. L’évolution de leur corps s’accompagne des changements de regards. Le désir naît chez les hommes, la jalousie chez les femmes, la violence chez leur frère, chez leur père.
Et c’est une rage étouffée par le soleil, les fêtes et un reste d’innocence qui gronde dans le ventre de ces deux fausses dures.
Ça veut dire quoi, grandir dans un ensemble de quatre barres d’immeubles d’où tombent des morceaux de balcon et d’amiante, dans une cour où les enfants jouent à côté des jeunes qui dealent et des vieilles qui puent ? Quel genre d’idée tu te fais de la vie, dans un endroit où il est normal de ne pas partir en vacances, de ne pas aller au cinéma, de ne rien savoir du monde, de ne pas feuilleter de journaux, de ne pas lire de livres, où la question ne se pose même pas ?
Une écriture douce pour un roman puissant porté par des personnages complexes, perdus, révélateurs des problèmes d’une génération qui a grandit dans la précarité et l’absence d’espoir.
Silvia Avallone nous offre un regard sociologique sur cette région d’Italie et son livre a été adapté par Stefano Mordini qui réalise principalement des documentaires.
Prix femina des lycées 2016
Prix Patrimoines 2016
Prix France Télévision 2017
Prix du roman métis des lecteurs 2017
Prix des lycéens Folio 2019
Tropique de la violence
La face cachée de Mayotte
Mayotte : cette île lointaine, ces paysages de carte postale. Paradis des touristes, enfer des locaux. Un territoire français oublié par l’Etat. C’est là que part vivre Marie, par amour. Et c’est là que Marie reste, seule, après avoir été quitté par son compagnon.
Infirmière, elle voue sa vie aux autres, fait ce qu’elle peut avec les faibles moyens de l’hôpital. C’est là qu’elle rencontre Moïse, son fils adoptif, abandonné par sa mère biologique qui tentait de fuir et d’obtenir asile sur un territoire français.
Moïse et Marie vivent ensemble dans une bulle. Une blanche qui vient du continent et un enfant avec un œil vert et un œil marron. De quoi attiser la méfiance des autres.
Il faut me croire. De là où je vous parle, les mensonges ne servent à rien. Je n’ai pas senti l’artère éclater dans mon cerveau, je n’ai pas senti le dernier spasme de mon cœur. Il faut me croire quand je dis que je n’ai pas eu mal quand ma tête a heurté le sol et que mon bras s’est tordu sous mon corps dans un angle bizarre. Il faut me croire quand je dis que je suis restée debout à côté de moi-même et que le pire est à venir.
Quête d’identité, pauvreté, ce roman choc dessine les vies de ces personnes oubliées par la France. Tour à tour, on regarde ce petit monde à travers le regard de Marie, Moïse, Sébastien …
Le talent de Nathacha Appanah n’est plus à démontrer et les multiples prix littéraires décernés à ce roman sont justifiés par la beauté acérée de sa plume.
Sale gosse de Mathieu Palain
Un nouveau talent au catalogue de l’Iconoclaste
Wilfried est un adolescent prometteur. Il se destine à un avenir brillant dans un milieu prisé par de nombreux jeunes : celui du football professionnel. Il intègre un centre de formation et s’attelle à suivre un chemin tout tracé vers un futur radieux. Mais un jour il dérape et son rêve part en fumée. Il passe de jeune espoir à Sale Gosse et doit retourner en foyer.
Plus tard, on m’a expliqué que tu répétais ce que tu avais connu, et qu’on ne peut pas éduquer quand on n’a pas reçu d’éducation. On appelle ça la reproduction. Pour faire simple, maman, ça veut dire que les pauvres restent pauvres, et que les femmes violées font des filles qui font le trottoir.
La perte de l’espoir, la difficulté de sortir d’une condition qui nous a été livrée à la naissance et qui nous enferme. C’est ce que Mathieu Palain met en lumière dans ce roman. Ce journaliste qui oeuvre pour la revue XXI signe un texte réaliste. Pour son premier roman, il s’inspire de son père, un ancien éducateur et enquête auprès des travailleurs sociaux toujours en poste. Une fiction reportage qui dénonce les défaillances de la protection judiciaire.
Une plongée dans le monde des éducateurs et des travailleurs sociaux. Ceux qui perdent petit à petit leur meilleure volonté, anéantis par un système inefficace, des règles oppressantes et injustes.
Laisser un commentaire