Un précédent article faisait l’éloge d’un auteur : Eric Vuillard. Avec son roman 14 juillet, j’étais déjà conquise. Cette fois-ci tout se confirme avec ce merveilleux texte, Tristesse de la terre, dans lequel je retrouve la plume de l’auteur, belle et légère pour aborder quelques sombres heures de notre histoire.
Buffalo Bill Cody, inventeur du Wild West Show, l’une des plus grandes mystifications de l’Histoire. L’extermination des indiens d’Amérique revue et corrigée.
60 millions de spectateurs en 20 années de représentation. Buffalo Bill crée le plus grand spectacle du monde et signe du même coup la naissance du show business et du divertissent de masse.
Le Wild West show était un spectacle itinérant qui a débuté dans les années 1880 et mettait en scène la fameuse Conquête de l’Ouest, notamment les grandes batailles telles que Little Big Horn ou le massacre de Wounded Knee. Afin d’ajouter du crédit à la représentation, les protagonistes du show n’étaient autres que les indiens eux-même, acteurs de leur propre défaite et de leur déchéance, se relevant toujours après avoir été vaincu par le justicier blanc, sous les acclamations d’un public déchaîné et conquis.
Pourquoi ces indiens ont-ils accepté de jouer et rejouer encore leur triste sort ? Par fatalisme. Pour continuer à vivre, tout simplement. Une pauvre vie sous le joug des blancs après que tout leur fut enlevé. Leur patrie, leur culture, leur famille. Leur terre.
Buffalo Bill Cody a réécrit l’histoire. La bataille de Wounded Knee par exemple. Le mot « bataille » impliquerait qu’il y eut un combat. Il n’en fut rien. Ce fut un vrai massacre.
Après cela, il recrutait quelques indiens et les intégrait au spectacle tout en récupérant des vêtements ou des objets afin de les réutiliser dans le décor du show.
Pour Bill Cody, tout doit être vrai. Du moins, tout doit paraître vrai. La photo de gauche est d’une mise en scène affligeante, l’image même du blanc fière et victorieux devant l’indien tête baissée, vaincu …
Avec ce texte court et intense, Eric Vuillard revient au source de la décadence d’une Amérique devenue superficielle et moutonnière.
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