Lorsque l’ancien président des États-Unis Barack Obama proclame un livre comme étant le meilleur qu’il ait lu au cours de l’année, on est en droit de se demander ce qui peut valoir de tels éloges à une jeune auteure américaine qui n’en est qu’à sa quatrième publication.
Après Les monstres de Templeton, Fugues : Histoires et Arcadia, voici que Lauren Groff nous revient avec Les furies :
Lotto, jeune homme aisé et très charismatique rencontre Mathilde, une jeune femme très belle et pure. Entre eux, c’est le coup de foudre immédiat, si bien qu’ils se marient à peine quinze jours après leur rencontre.
Entre leurs deux peaux, le plus fin des espaces, à peine assez pour l’air, pour ce voile de sueur qui à présent refroidissait. Et pourtant, un troisième personnage, leur couple, s’y était glissé.
Lui se rêve acteur de théâtre, elle travaille dans une galerie pour subvenir à leurs besoins.
Le rêve échoue, mais éclate en une surprenante capacité de dramaturge qui le rendra célèbre et riche.
Dix ans plus tard, Lotto le fameux auteur de théâtre et Mathilde sa belle muse sont enviés par beaucoup, jalousés par certains et reconnus par tous.
Seulement, malgré ses plus beaux aspects, le vernis marital peut craquer lentement et sûrement. Un non-dit, une caresse trop brusque, une fuite en avant, un mensonge d’omission et c’est tout un univers si bien réglé qui s’effrite sous les yeux impuissants des protagonistes.
Le récit, monté en deux moitiés distinctes pour chacun des membres du couple, ne laisse place à aucun manichéisme et ne prend pas parti. Chacun ses erreurs, chacun ses souffrances propres, chacun son regard sur son existence, à la manière des grandes tragédies Grecques dont le dramaturge est un fan absolu.
C’est là que le livre devient prodigieux, Lauren Groff fait montre d’une précision chirurgicale pour décrire les ressentis et les espoirs déchus de ses héros. La narration non-linéaire apporte une réelle touche de repos dans un récit qui pourrait parfois sembler lourd. L’exemple en est l’enchaînement des pièces écrites par Lotto où nous assistons simplement aux réactions qu’elles engendrent.
Je ne peux donc que vous conseiller Les furies si vous êtes curieux de nouveaux auteurs, que vous aimez les histoires réalistes et sonnant justes et les grandes tragédies américaines.
Extrait : Il souffre de la maladie du « Grand Artiste américain ». Toujours plus grand. Toujours plus bruyant. Se battant pour avoir la place la plus en vue dans une lutte hégémonique. Vous ne croyez pas qu’une sorte de mal s’abat sur les hommes de ce pays quand ils s’essaient à l’art ?
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