« Les collines d’eucalyptus », somptueux roman mêlant tendresse et inflexible réalité dans un pays déstabilisé par l’arrivée d’un modernisme fulgurant.
Thanh croupi dans sa geôle qu’il partage avec de nombreuses âmes en peine. C’est au cours d’une journée pluvieuse et tourmentée, envahi par les insectes, puant l’humidité et la mort, qu’il se souvient.
Thanh était un jeune homme sans histoire, un élève modèle et un fils aimé au sein d’une famille prospère. Il découvrit son homosexualité à l’adolescence après sa rencontre avec un mauvais garçon du village qui le marquera à jamais. A qui parler ? Vers qui se tourner ? Sa vie fut une fuite douloureuse vers un bonheur incertain. Un parcours à travers le Vietnam, ancrée dans ses traditions et avide de progrès, où le bonheur individuelle n’a pas d’intérêt.
J’ai découvert Thu Huong Duong avec « Roman sans titre », premier texte de l’auteur interdit de publication au Vietnam.
Trois hommes liés par un destin qui ne leur appartient plus, volé par la folie guerrière. Nous suivons Quân, jeune soldat à la dérive physique et morale pendant la guerre contre les Etats-Unis. Chargé par son supérieur et ami Luong de retrouver la trace de Biên, leur ami d’enfance, dans la jungle vietnamienne dense et meurtrière, sa quête nous plongera dans les ténèbres avec une force lumineuse.
L’auteur dénonce avec puissance et conviction les chemins que son pays tant chéri a pris, laissant le peuple vietnamien meurtri.
Thu Huong Duong a payé de sa liberté son engagement littéraire et fut emprisonnée dans les années 90 dans une prison pour détenus politiques.
« Voilà comment je vois le parti : plus de deux millions de communistes se résument en un comité central composé de trois cents personnes. Puis les trois cents se concentrent en un bureau politique de treize têtes. Si au-dessus de tout ce monde se trouvent treize imbéciles et treize vicieux, il n’y a plus aucune raison pour que je reste loyale au parti. Le parti n’est pas Dieu vivant dans les cieux. Le parti est ce groupe des treize. Et en ce moment, je ne vois que treize salauds. Pourquoi devrais-je observer une quelconque loyauté envers eux ? »
Véritable figure de ce siècle, nous ne pouvons qu’éprouver un immense respect pour Thu Duong Duong, une grande femme et une grande écrivaine.
Laisser un commentaire