Souverain d’Éthiopie
Mircea Cartarescu vous emporte dans un récit impressionnant, fouillé et proche de la folie pour vous conter le destin particulier d’un fils de simples domestiques qui deviendra l’improbable Négus Téwodros II, Roi d’Éthiopie, souverain des contrées merveilleuses de la reine de Saba…
C’est un « livre-monde » que l’auteur roumain nous propose. Une folie littéraire au style érudit, une authentique épopée, un roman qui vacille entre fiction et Histoire et vous fait tourner la tête! Une aventure à la fois drôle et pathétique, dans la magie d’un Orient rêvé. Théodoros imagine la vertigineuse ascension, puis la chute terrible, du jeune Tudor, fils de simples domestiques en Valachie. Dès son plus jeune âge, il rêve d’égaler le grand Alexandre dont sa mère, grecque, lui chante les exploits. Comme possédé par son fantasme, le garçon va travailler sans cesse à s’élever et, parvenu à l’âge d’homme, il ne reculera devant rien, aucun crime, aucun sacrilège.
Les lettres fiévreuses qu’il écrit à sa mère nous le montrent occupé à sillonner l’archipel grec et le Levant avec une bande d’affreux pirates, hommes et femmes, qui le vénèrent déjà… Il décrit autant qu’il rêve sa vie aventureuse et les actions cruelles et audacieuses qu’il entreprend dans sa quête de pouvoir et de richesses…
Truffé de références; de la reine Victoria au Kebra Nagast, du roi Salomon à Robert Napier en passant par Norton 1er, le roman de Mircea Cartarescu mélange sans gêne et avec délice, les lieux et les époques sur plus de 3000 ans.
A la fois roman d’aventure et de passion, récit de piraterie et règlement de compte historique, revisite des grands mythes et des légendes populaires, Théodoros vous tourne la tête mais réussit le pari de vous emporter dans un voyage incroyable, cruel, fait de désir et de sang!
Oser perdre pied
J’avoue m’être un peu perdu dans cette foultitude d’évènements et de noms mais parfois il faut se laisser faire, s’égarer et faire confiance à l’auteur. Il le dit lui même, son roman et un tournant dans son écriture. Si la poésie de son Solénoïde vous avait emporté, ici l’auteur ne se pose aucune limite, s’autorise tout mais assure une lecture gourmande à la plume élevée.
J’ai découvert Mircea Cartacescu par son incroyable Solénoïde. Un chef d’œuvre de poésie, de pensées profondes, l’analyse folle du monde qui mêlait l’infiniment grand et l’infiniment petit.
Solénoïde est un roman monumental où résonnent des échos de Borges, Swift et Kafka. Il s’agit du long journal halluciné d’un homme ayant renoncé à devenir écrivain, mais non à percer le mystère de l’existence. Après avoir grandi dans la banlieue d’une ville communiste – Bucarest, qui est à ses yeux le » musée de la mélancolie et de la ruine de toute chose « , mais aussi un organisme vivant, coloré, pulsatile –, il est devenu professeur de roumain dans une école de quartier. Si le métier le rebute, c’est pourtant dans cette école terrifiante qu’il fera trois rencontres capitales : celle d’Irina, dont il tombe amoureux, celle d’un mathématicien qui l’initie aux arcanes les plus singuliers de sa discipline, et celle d’une secte mystique, les piquetistes, qui organise des manifestations contre la mort dans les cimetières de la ville. A ses yeux, chaque signe, chaque souvenir et chaque rêve est un élément du casse-tête dont la résolution lui fournira un » plan d’évasion « , car il ne s’agit que de pouvoir échapper à la » conspiration de la normalité « .
Paru en 2019 aux Éditions Noir sur Blanc, il est sorti en poche chez Points Signatures.
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