En cette fin décembre, poursuivons notre sélection d’hiver. Aujourd’hui, partons à la découverte de Richard Wagamese, auteur canadien de talent. Jeu blanc, paru aux Editions Zoé en septembre dernier, est sans doute son livre le plus personnel.
Saul Indian Horse, indien ojibwé, nous raconte son histoire. Nous sommes au Canada, dans les années 60. Jeune garçon, il vit avec ses parents en pleine nature, au rythme des traditions ojibwés, dans le respect et à l’écoute de l’environnement qui l’entoure. A cette époque, le racisme à leur égard est très marqué, des enfants sont parfois arrachés à leur famille et grandissent dans des pensionnats destinés à les « blanchir ». Certains membres de sa communauté ont ainsi disparus. Par ailleurs, Saul est désormais seul avec sa grand-mère, ses parents n’étant jamais revenus d’une expédition. Ils bravent ensemble le froid de l’hiver lors d’une longue marche qui doit les mener dans un village, à l’abri de températures qu’ils ne pourraient supporter. Les conditions climatiques ne leur permettront pas d’arriver à destination et c’est transi de froid que Saul sera retrouvé par miracle dans la forêt.
Richard Wagamese
Un miracle de courte durée. Saul va désormais vivre au St. Jerome’s Indian Residential School, un pensionnat géré par des catholiques dont la mission principale va consister à « blanchir » son âme. L’éducation qui lui sera donnée niera totalement sa culture ojibwé, il lui est interdit de parler sa langue. Les pensionnaires doivent oublier leurs racines car désormais, ils ont un seul et même père : Dieu. Saul, comme tous ses camarades, ne vit pas bien ce changement radical dans sa vie. Mais le jour où son chemin croise celui du Père Leboutilier, il trouve une échappatoire, grâce au hockey sur glace.
Jeu blanc est un récit touchant, largement inspiré de la vie de l’auteur. Grâce à des descriptions précises, on est emporté dans le Grand Nord Canadien. On se passionne pour le destin de Saul et son talent de hockeyeur. On vibre à ses côtés à chaque nouveau match. Ce roman est aussi l’occasion de découvrir dans le détail tout un pan de l’histoire canadienne : le racisme à l’égard des peuples natifs.
Un peu d’histoire…
La colonisation a fait d’immenses dégâts dans les pays concernés. L’objectif des colons, en arrivant sur place, était notamment de détruire la culture existante, considérée comme inférieure, pour imposer leurs préceptes et leur mode de vie. Ainsi, au Canada, les indiens ont été chassés de leurs terres et il y a encore moins d’un siècle, le gouvernement prenait en charge l’éducation des enfants pour « blanchir » leur âme. Des familles ont été massacrées, des hommes meurtris.
Cela s’est produit dans bien d’autres pays comme l’Australie par exemple. Les Aborigènes ont été victimes des mêmes sévices. Aujourd’hui, l’Etat tire profit de la richesse de leur culture dans le domaine touristique. Néanmoins, ils restent victimes de racisme au quotidien. Le chemin est encore long avant qu’ils puissent acquérir les mêmes droits que leurs concitoyens mais surtout avant qu’ils soient considérés d’égal à égal.
Belle lecture
Sandrine
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