Shûsaku Endô est né en 1923 à Tokyo. Sa mère fut une femme très catholique qui le baptisa à l’âge de 12 ans et Paul sera son nom à partir de cet instant.
Etre catholique au Japon à cette époque n’était pas chose aisée mais il eut l’opportunité de quitter l’Asie quelque temps afin d’étudier la littérature en France. C’est ainsi qu’il découvrit les grands auteurs européens de son temps tels que Claudel ou Bernanos, qu’il put compléter sa vision du monde et alimenter les réponses aux conflits intérieurs qui l’habitaient.
Ce retour sur la vie de l’auteur est à mon sens important pour comprendre ce roman et toute l’oeuvre de Shûsaku Endô.
Durant la grande majorité de sa production littéraire, il a tenté d’appréhender les relations complexes entre le Japon et l’Occident notamment au sujet de la thématique de la foi chrétienne dans son pays ainsi que l’universalité des religions.
« Silence » se déroule en 1614, en plein coeur du déclin de la mission chrétienne au Japon.
Sébastien Rodrigues, jeune prêtre portugais plein d’optimisme et de zèle dans la foi évangélisatrice, décide d’entamer un long et dangereux périple afin de rejoindre les côtes japonaises et retrouver Christophe Ferreira, un missionnaire tenu en haute estime et disparu lors de sa mission.
Le shogun Ieyasu vient de proclamer un édit d’expulsion des missionnaires alors que des persécutions sanglantes ravages les rangs des chrétiens japonais depuis plus de cinquante ans.
C’est dans ce contexte historique que le prêtre Sébastien Rodrigues va affronter bien plus que la peur, la faim ou la misère quotidienne. Caché et nourri par les chrétiens survivants des villages japonais, la violence de la répression est aussi forte que sa propre foi mais le silence de Dieu face aux atrocités commises va peu à peu faire germer en lui les graines de l’apostasie.
Ce récit est d’une étonnante puissance et, croyant ou non, le lecteur est capable de la ressentir. La problématique de ce roman nous emmène bien plus loin que la simple croyance religieuse.
Il s’agit avant tout de tolérance. De liberté. De libre arbitre.
Le prosélytisme fervent de Sebastien Rodrigues, même pacifique, engendrera d’irrémédiables souffrances.
« Silence » a récemment été adapté au cinéma par le fameux réalisateur Martin Scorsese. Une très belle adaptation que je vous recommande vivement !
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