Road-trip ou virée dangereuse en voiture, les romans peuvent nous emmener loin.
Road-trip avec la Beat Generation
Sur la route de Jack Kerouac
L’incontournable auteur de la Beat Generation ne pouvait pas échapper à la tête de cette sélection. « Sur la route », c’est l’histoire d’un road-trip et d’une rencontre. Celle de Sal, qui tente d’écrire son premier roman et de Dean. A peine sorti de prison, ce dernier recherche surtout à s’évader en parcourant les Etats-Unis de long en large. De ville en ville, ils flirteront avec les drogues, l’alcool et le sexe, mais aussi avec Marylou, belle et libre.
Ce roman n’est pas l’histoire d’une aventure, mais retrace un état d’esprit. Celui d’une jeunesse révoltée contre l’Amérique bien pensante des années 50. La multitude de personnages rencontrée offre au lecteur un panorama de la société américaine.
« Et moi je traînais la patte derrière eux, comme je l’ai toujours fait quand les gens m’intéressent, parce que les seuls qui m’intéressent sont les fous furieux, les furieux de la vie, les furieux du verbe, qui veulent tout à la fois, ceux qui ne bâillent jamais, qui sont incapables de dire des banalités, mais qui flambent, qui flambent, qui flambent, jalonnant la nuit comme des cierges d’église. »
Si le style peut surprendre, gêner, Jack Kerouac n’en réalise pas moins une prouesse. Ecrit d’un seul jet, sur des rythmes de jazz, le fil est parfois difficile à suivre. Le mouvement de la Beat Generation propose une littérature sans correction majeure, les mots comme ils viennent jetés sur machine à écrire. La prose de Kerouac est tout de même passée au correcteur pour avoir l’opportunité d’être publiée après les nombreux refus des éditeurs.
Un livre censuré par l’Amérique puritaine à découvrir ou à redécouvrir.
Adapté au cinéma en 2012 par Walter Salles, « On the road » a rencontré à sa sortie un succès mitigé. Si le film connaît quelques longueurs, l’atmosphère du livre y est parfaitement retranscrite et les prises de vues sont magnifiques.
Le road-trip de Kerouac
« Un tueur sur la route » de James ellroy
Petit détour sur les routes de l’ouest américain, avec l’inquiétude de croiser le tueur sur la route, personnage mystérieux et torturé de James Ellroy.
Publié en 1986 sous le titre « Silent Terror », ce roman noir sortira de nouveau 3 ans plus tard sous le titre voulu au départ par l’auteur et que l’on connaît aujourd’hui. Idéal pour découvrir l’auteur du Dahlia noir, ce one shot retrace l’existence bouleversée de Martin Michael Plunkett, enfant prodige ballotté entre une mère alcoolique et un père qui trempe dans des affaires douteuses.
Projeté dans la psychologie de ce tueur en série, on plonge dans les perversions schizophrènes de ce personnage antipathique. Ellroy réussit avec brio à décrire cet homme intelligent et méthodique, si bien que le lecteur hésite entre compassion et consternation. On suit ce triste héros dans ses plus sombres retranchements avec un plaisir coupable à peine dissimulé.
Savant mélange entre Bret Easton Ellis et Jim Thompson, le style d’Ellroy est pourtant inimitable et nous emmène bien loin d’un polar classique.
« Et si j’ai conquis le droit à la crédibilité en me décrivant avec honnêteté, jusque dans mes faiblesses, alors, croyez-moi lorsque je vous dis ceci : j’ai atteint des sommets de puissance et de lucidité que nul terme ne pourra jamais mesurer, fût-il logique, mystique, ou humain. Telle a été l’inviolabilité sanctifiée de ma folie. »
Le road-trip de Julien Cabocel
Direction le motel du Bazaar
Dominique Chevalier. Un nom banal pour l’employé banal d’une banale agence de publicité. Sa vie monotone est toute tracée. Mais alors qu’il assiste, ému, à un ballet, notre héros au charisme invisible remet en question sa morne situation. Sa décision est sans appel, il va partir en voiture sans se retourner (ni regarder dans le rétroviseur), sans itinéraire et sans attente particulière, sinon celle de ne plus jamais vivre sans réellement exister.
Mais le road-trip prend une tournure de désespoir lorsqu’il tombe en panne dans le désert. Au loin un mirage, l’hôtel le Bazaar. Et c’est finalement là que commence le vrai voyage. Etape par étape, dans ce labyrinthe d’existences, Dominique va découvrir une galerie de personnages aux personnalités singulières ou fantasques, tristes ou rafraîchissantes. Une petite bulle d’oxygène en plein désert.
« Au loin, un troupeau avançait sur la boule rouge du jour. Je n’ai pas reconnu les bêtes qui, tête baissée, broutaient l’herbe sèche. Depuis le bord de la piscine, elles ressemblaient à de drôles de machines. Je me suis dit que je devais rêver debout »
Et c’est justement comme cela que Julien Cabocel nous envoûte. Avec un récit un peu particulier qui nous laisse la même sensation qu’un rêve quand on se réveille.
Laisser un commentaire