Rebecca Lighieri
Des romans sous pseudonyme
Rebecca Lighieri est une autrice percutante qui dégomme à coup de mots les vices des Hommes.
Son premier thriller, Husbands a été publié en 2013. S’en suivra le remarqué Les garçons de l’été et le petit nouveau Il est des hommes qui se perdront toujours sorti le mois dernier.
C’est pourtant depuis 1994 qu’elle sévit dans le milieu littéraire mais sous son vrai nom : Emmanuelle Bayamack-Tam qu’elle utilise encore pour signer ses romans. Deux identités qui se rejoignent mais qui se veulent différentes. Sous son pseudo, elle se veut plus sanglante et incisive, plus proche des polars. Mais au fond, ses sujets de prédilection reste les mêmes : la société et ses travers, la perversité des hommes et la précarité. Elle dépeint avec précision et poésie des destins bafoués avec toujours en ligne de mire un soupçon d’espoir.
Husbands
Premier pas dans le thriller
Laurent, agent immobilier, qui n’ose pas parler de son licenciement à sa femme et surtout à sa belle famille bourgeoise qui le voit, depuis toujours, comme un gamin des cités un peu raté. Des trois husbands, c’est le plus séducteur. Il est beau, il le sait et use de son charme avec beaucoup de cynisme.
Farouk, un professeur gentil et intelligent qui voit sa vie stable partir en éclat quand il découvre le secret de sa femme. Un secret caché dans le congélateur familial.
Et Reynald, le plus âgés des trois, qui voit sa jeunesse partir à la dérive et qui a peur de perdre sa femme jeune et belle. De sa vie, il maîtrise tout. Producteur de musique, il fait d’elle une star, façonnant son corps, contrôlant ses envies.
Sous le soleil écrasant de Marseille, les trois maris se retrouvent dans une bulle, sans jugement. Loin très loin de la vraie vie au dehors, de leur existences mornes et vaines.
Mais à trop jouer on finit vite par se brûler. Le désir masculin devient le centre d’un roman noir, d’une furie incontrôlable. Et quand le pire est enclenché il est parfois difficile de revenir en arrière.
Il me semble que si j’obtenais de Chloé qu’elle fasse l’amour devant moi avec un autre homme, si j’obtenais d’elle qu’elle me dédie son plaisir, que nous soyons complices dans cet acte, eh bien cela effacerait la trahison impardonnable et tous ces mois d’affreux mensonges
Les garçons de l’été
Un soupçon de Stephen King
L’envoûtante île de la Réunion, sa beauté, sa chaleur … Pour Thadée, c’est le spot parfait pour surfer. Grand, beau, surdoué, une publicité vivante. Mais tout bascule le jour où il se fait attaquer par un requin. Tout son monde s’effondre. Autour de cette tragédie, c’est toute une famille qui s’effrite. Une mère, complètement subjuguée par la beauté de ses deux adolescents, ne sait plus comment réagir pour tenter de sauver ce qu’il reste de jeunesse à son fils. Son frère Zachée, toujours dans l’ombre semble pour une fois avoir un ascendant.
Je l’ai aimé. Comme je l’ai aimé, lui, ça non plus, je ne le retrouverais jamais, cet amour incondittonnel et pur qui me liait à mon ainé. Personne jamais ne m’inspirera autant d’admiration autant de volonté éperdue d’imitation et de dévouement.Il a été mon dieu- et pourquoi il ne l’aurait pas été, je connais peu de gens qui n’aient pas été fascinés par Thadée avant son accident .
Sur un fond de passion, d’amour et de haine se dessinent des relations tour à tour fusionnelles et conflictuelles. Selon Olivia de Lamberterie, Rebecca Lighieri est une version française de Stephen King. Et il est vrai que l’on retrouve dans ce livre, une atmosphère angoissante. Le roman de la naissance d’un monstre, l’humanité bestiale de personnages à la dérive. Un roman qui fait frissonner en plein soleil.
Il est des hommes qui se perdront toujours
Quand Rebecca Lighieri rejoint Emmanuelle Bayamack-Tam
Les deux enfants ont hérité d’une beauté lumineuse, renversante qui a coup sûr rendra riche et célèbre la famille toute entière. Alors, sans relâche, le père leur apprend des chorégraphies, à poser devant un objectif et écume les castings avec ses deux rejetons.
Mais dans cette famille il y a aussi Mohand, le petit dernier, difforme et dysfonctionnel pour le père, porteur d’un amour inconditionnel pour la mère.
Un père violent, une mère dépassée qui se drogue, une sœur qui s’enfuit et un petit frère souffrant qui récolte les coups. Karel n’a d’autre refuge que le camp de gitans d’à côté et la famille de sa petite dulcinée avec enfoui au fond de lui une seule envie. JVTMP sous un poster décrépit comme une promesse. Je veux tuer mon père.
Un roman qui s’étend des années 1980 à 2000 sous un soleil de plomb. Une famille dysfonctionnelle, une vie fantasmée. Un contexte culturel rythmé par les chansons de Céline Dion, IAM et Michael Jackson
Rebecca Lighieri nous offre une fois de plus un roman choc qui explore les recoins sombres de la précarité. Injustice, sida, toxicomanie. La barbarie de la société racontée d’une plume douce et violente qui nous accroche et nous laisse la peur au ventre. Et le pire arrive inévitable.
Elle est restée parce qu’elle est aussi folle que lui. « Vous n’empêcherez pas qu’il y ait des âmes destinées au poison ». Depuis que j’ai lu cette phrase d’Artaud, j’accepte que les gens autour de moi aillent à leur perte.
Laisser un commentaire