Lancés en 2012 par l’Office fédéral de la culture, les Prix suisses de littérature honorent chaque année des écrivains et récompensent leurs œuvres aux plans national et international. Les prix et distinctions s’adressent aux quatre régions linguistiques de Suisse et tiennent compte de la diversité des genres littéraires. Les Prix suisses de littérature récompensent les œuvres littéraires qui ont marquées l’année précédente. Petit focus sur les lauréats 2023
Le Grand Prix suisse de littérature est décerné à Leta Semadeni pour l’ensemble de son œuvre. Elle écrit essentiellement des poèmes, en romanche ou en allemand, qu’elle traduit elle-même dans l’autre langue. Son œuvre aux multiples facettes occupe une place importante dans la littérature romanche, suisse et de langue allemande. Son roman Tamangur, fraichement publié en français chez Slatkine, avait déjà reçu un Prix suisse de littérature en 2016 lors de sa parution en langue originale.
Fanny Desarzens, Anne-Sophie Subilia et Eugène reçoivent le Prix littéraire suisse pour la partie romande du concours. Pour l’italien c’est Prisca Agustoni qui est récompensée et Jachen Andry pour le romanche. Lioba Happel et Lika Nüssli reçoivent le prix pour la partie allemande.
Publié chez Slatkine, Galel raconte une amitié entre trois hommes qui ont en commun l’amour de la montagne: Paul, Jonas et Galel. L’hiver, chacun mène sa vie en plaine ; l’été, Jonas et Galel exercent comme guides. Ils se retrouvent une fois par an à la Baïta, le refuge tenu par Paul. Un endroit de passage où ils vivent des moments aussi attendus que précieux. Où leur amitié est née. Dans un monde de rocaille et de silence, Galel déploie le talent brut de Fanny Desarzens et offre un roman intemporel, empli de poésie, comme une parabole éternelle. A souligner que l’autrice à également reçu le prix Terra nova.
Paru chez Zoé, L’épouse vous présente l’Anglaise Piper, femme de délégué humanitaire. Ils partent s’installer à Gaza pour le travail de monsieur. Piper doit se familiariser avec les regards posés sur elle, les présences militaires, avec la moiteur et le sable qui s’insinue partout, avec l’oisiveté. Le mari s’absente souvent. Guettée par la mélancolie, elle s’efforce de trouver sa place. Anne-Sophie Subilia révèle la profondeur de l’ordinaire. La lucidité qui la caractérise ne donne aucune circonstance atténuante à ses personnages. Un roman pudique et délicat qui ne juge personne mais ouvre des devenirs possibles.
Toujours chez Slatkine, le dernier Eugène (j’aime beaucoup Eugène) Il faut savoir que si l’auteur vit dans notre pays depuis l’âge de 6ans, il est né en Roumanie. Il faut le savoir pour comprendre qu’un jour, sa mère lui a dit qu’il avait une dette envers un type que ni elle ni lui n’aimaient vraiment. Cet aveu, il l’a enfoui dans sa « chambre des vérités embarrassantes ». A 50ans, l’auteur décide d’écrire à cet odieux personnage. Pour mieux comprendre et peut-être se libérer de cette dette. « Je croyais en avoir pour quelques soirs, mais ça m’a pris des mois. Car ce n’est pas tous les jours qu’on écrit à… Nicolae Ceaușescu. »
Un courrier d’une subtilité affolante, qui jongle avec ironie, dépit, rire et gravité.
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