L’auteur montheysan Tadzul Lempke tombe le masque pour un premier roman insolite
L’habit ne fait pas le moine. Je suis une fervente adepte de ce précepte. On ne juge pas quelqu’un au premier regard, on ne juge pas un livre à sa couverture. Pourtant il est des ouvrages qui vous interpellent d’emblée. Le premier roman de Philippe Battaglia est de ceux-là. Tant de poésie dans le graphisme signé Ludovic Chappex, tant de mystère dans la condamnation de ce titre et tant de douceur dans le grain du papier choisi par les éditions l’âge d’Homme…
C’est un matin de congé, yeux encore gonflés de sommeil, tasse de café fumante que j’ai plongé dans les mots de Philippe. Ce fut une merveilleuse aventure !
J’ai ri à plusieurs reprises, vraiment, et souri si souvent pendant ma lecture.
Personne n’aime Simon, c’est ainsi. Il est détesté de tous depuis sa naissance, comme si une malédiction pesait sur lui. Seuls les chats et sa sœur Charlotte lui réservent de la tendresse. Et moi, définitivement, dès le premier chapitre. Parce que Simon est un être fait de poésie et de contrastes et que ces gens sont infiniment séduisants.
La plume de Philippe est magique, il joue avec les mots et les personnages tant et si bien que je me suis surprise à prendre des notes. Des phrases qu’on veut apprendre par cœur tant elles sont gourmandes et pertinentes !
« Son rêve de ne voir sa vie ne tenir qu’à un fil se concrétisa sous la forme d’une corde de piano, inexorablement serrée autour de sa gorge ».
« J’ai connu presque tous les échecs sauf celui la. J’aimerais savoir ce que ça fait que regarder quelqu’un dans les yeux, à travers les siens mouillés de larmes, pour lui dire d’un coup qu’on ne l’aime plus ».
« Elle aimait dormir. Non pas qu’elle fut fainéanté mais elle trouvait que rien ne valait l’activité d’en avoir aucune ».
« Il n’avait jamais pu comprendre qu’on puisse avoir des ambitions plus hautes que la hotte de ventilation ».
« Tous les flocons de neige sont uniques. En étant uniques, ils sont tous pareils. Pour qu’un flocon de neige soit vraiment unique il faudrait qu’il ressemble exactement à un autre putain de flocon de neige ».
L’auteur nous offre de la subtilité, de l’ingéniosité et de l’impertinence à chaque page. Il fait ce qu’il veut, parvient à jouer avec les notes en bas de pages qui imposent leur propre rythme au récit, ajoute des digressions singulières pour vous emmener exactement là où il veut sans que jamais vous ne vous y attendiez.
Non seulement j’ai aimé ce livre au premier regard, tout comme Simon, mais j’ai également été séduite par Santiag, Dame alligator éprise de liberté et par la poule n° C-1138, anarchiste dans l’âme à la progéniture haute en couleur. Les chats de Simon et leur vigilance à l’égard de leur maître ont fait fondre mon cœur tout comme cet aveugle en queue-de-pie !
Un alligator, une poule et ses poussins, un aveugle, un paria et des chats ? Comment tout ceci peut-il bien former la trame d’un roman ? Parce qu’il faut sauver le monde et qu’avant Philippe Battaglia nous n’avions jamais trouvé une combinaison si imparfaite pour y parvenir !
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