Le 2 avril s’éteignait Maryse Condé, une autrice guadeloupéenne incroyable à la plume riche et profonde. Du haut de ses 90 ans, Maryse nous a offert une œuvre intemporelle, poignante, engagée et évocatrice. SI je vous invite à lire tous ses écrits, je voudrais vous parler de Tituba qui m’a profondément bouleversé!
Tituba est née à la Barbade, Fille de l’esclave Abena violée par un marin anglais à bord d’un vaisseau négrier. Elle est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Son mariage avec John Indien l’entraîne à Boston, puis au village de Salem au service du pasteur Parris. C’est dans l’atmosphère hystérique de cette petite communauté puritaine qu’a lieu le célèbre procès des sorcières de Salim en 1692. Tituba est arrêtée, oubliée dans sa prison jusqu’à l’amnistie générale qui survient deux ans plus tard. Là s’arrête l’histoire. Celle qu’on connait.
Maryse Condé la réhabilite, l’arrache à cet oubli auquel elle avait été condamnée, et, pour finir, la ramène à son pays natal, la Barbade au temps des Nègres marrons et des premières révoltes d’esclaves.
À Salem, Tituba est accusée de sorcellerie, en partie à cause de ses connaissances sur les herbes médicinales et les pratiques spirituelles africaines. Au fil du récit, elle relate ses expériences, y compris sa relation avec d’autres femmes accusées de sorcellerie, les conditions de vie difficiles à Salem et sa quête de liberté et de justice. Le roman explore également les thèmes de l’oppression, du racisme, de la féminité et de la quête d’identité. À travers la voix de Tituba, Maryse Condé offre une perspective unique sur les événements de Salem et sur les injustices subies par les femmes, en particulier les femmes de couleur, à cette époque. Le roman mêle habilement réalisme historique et éléments fantastiques pour créer une œuvre poignante et évocatrice qui invite à réfléchir sur la nature de la justice et de la liberté.
Maryse Condé offre une réinterprétation audacieuse et provocante de l’histoire des procès des sorcières de Salem en mettant en avant le personnage de Tituba, une figure historique souvent reléguée au second plan. La voix de Tituba confère une puissance et une authenticité au récit. On est immergé dans les pensées, les émotions et les expériences de Tituba, et toutes les injustices qu’elle endure. C’est douloureux, révoltant et vivant! L’autrice intègre habilement des éléments de la culture africaine et caribéenne dans le récit, offrant ainsi une perspective unique sur les événements de Salem et sur la vie des personnes de couleur à cette époque. Cette richesse culturelle contribue à la profondeur du roman et vous ouvre tant des portes! L’écriture vibrante et poétique crée une atmosphère immersive et fait de votre lecture, une expérience captivante et intense! , « Moi, Tituba sorcière… noire de Salem » est une œuvre puissante et engagée qui vous marque à jamais!
Écrivaine de renommée internationale, journaliste et professeure de littérature, elle à toujours revendiqué le fait d’être « guadeloupéenne indépendantiste ». Auteure de plus de soixante romans et essais, de nombreuses pièces de théâtre, elle a reçu (entre autres prix littéraires) le prix Nobel de littérature alternatif en 2018. Découvrez cette grande dame!
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