Une version des Dix petits nègres d’Agatha Christie en plein coeur du festival de Venise à la veille du confinement. C’est l’auteur lui-même qui a eu cette idée en étant confiné dans cette ville durant la pandémie. C’est vrai que le terrain de jeu est idéal…
Jeu de vie ou de mort dans la Sérénissime
Qui refuserait pareille invitation ? Dix jours tous frais payés au carnaval de Venise. Seule condition : se glisser derrière le masque des personnages de la commedia dell’arte. Mais les dix participants ne tardent pas à comprendre qu’en fait de jeu de rôle, chaque épreuve désigne une véritable victime et son meurtrier. Alice, historienne, refuse de céder à cet engrenage fatal : mais pour survivre, a-t-elle le choix ?
L’action se déroule de nos jours, en février, durant les dix jours du Carnaval de Venise au moment où se déclare un confinement lié à une pandémie inconnue. Dix personnes – cinq hommes, cinq femmes – ne se connaissant pas ont répondu à une invitation à assister au Carnaval tous frais payés dans un palais appartenant au mystérieux baron Corvo. La condition à remplir est d’accepter de se prêter à un jeu de rôle dans lequel ils devront incarner les principaux personnages masqués et costumés de la commedia dell’arte : Arlequin, Polichinelle, Pantalone, Colombine, etc. Des jeux éliminatoires auront lieu, et le finaliste recevra un prix d’une valeur inestimable. Par contrat, aucun ne peut se désister avant la fin, au risque d’en assumer les conséquences…
Un groupe de 10 personnages, 5 hommes et 5 femmes, tous issus d’univers différents. Il y a ceux que l’on aime et ceux avec lesquels, il faut l’avouer on a plus de mal. Chacun nous livre une part de lui à travers son passé, son métier, ou sa passion. Même si l’on a dû mal à s’attacher au vu de la rapidité de leur élimination. Le rythme est bon, on découvre Venise auprès des personnages, on les imagine sous leurs déguisements de la Commedia dell’arte. D’ailleurs, je suis allée faire une recherche internet pour bien me représenter les costumes.
J’ai beaucoup aimé le sujet de Masques et le thème plus profond que l’auteur a voulu évoqué dans son livre. L’histoire est avant tout basée sur une expérience scientifique de soumission à l’autorité réalisée par Stanley Milgram. Le roman pose la question du comportement humain et de ses choix face à un ordre. Serait-il capable de tuer sous la contrainte ? Sommes-nous responsables de nos actes si nous obéissons à un ordre ? Si personne ne nous reconnaît, pourrait-on commettre l’irréparable ?
La narration alterne les chapitres vénitiens et ceux relatant cette expérience. Certains sont explicatifs du processus de soumission et d’autres font partis du passé du coupable. Cette dynamique permet au lecteur de chercher des indices pour deviner le coupable. Même si ce dernier, m’a été impossible à démasquer.
L’auteur nous offre un voyage culturel. En effet, les descriptions de Venise donnent vraiment envie de (re)visiter cette ville. Les balades sont belles et c’est un vrai bonheur de s’y promener. En résumé, un roman simple et accessible. Il n’est pas question ici d’un thriller terrifiant mais attention aux apparences malgré tout. Les masques vont-ils tomber ?
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