La Première Dame du IIIe Reich
Magdalena Goebbels a soutenu Hitler jusqu’à la dernière minute, jusqu’à la chute au fond de son bunker berlinois. Cette grande bourgeoise, cette beauté polyglotte s’est donnée, corps et âme, à un régime ultraviolent qui considérait les femmes comme des ventres de qualité variable. Qui était cette femme considérée comme le symbole de l’extrémisme et de l’aveuglement? Lolvé Tillmanns va fouiller l’enfance, l’adolescence, les années qui l’ont modelée, la passion inconditionnelle qu’elle mettait dans ses attachements, qui l’ont figée dans un destin qu’elle aurait, peut-être, pu infléchir.
Lolvé Tillmanns signe un roman impressionnant, d’une minutie incroyable, mais avant tout, elle nous livre un roman qui dérange par le fond et passionne par la plume! Un récit à la première personne qui force le lecteur à s’attacher à M.
On y découvre les motivations profondes qui ont poussé M. à devenir l’adepte la plus fervente de la dictature tyrannique ; celle de « son Führer ». De son enfance à sa vie de femme, M. est consumée par l’ambition. Elle veut exister. Épouse dévouée à la cause mais toujours guidée par des ambitions personnelles, elle a soutenu Hitler et son régime ultraviolent jusqu’à la dernière minute. Une question se pose pourtant; a-t-elle adhéré au nazisme ou au pouvoir?
Le charisme de G. vous fascine comme il a fasciné M. mais à aucun moment le texte n’excuse les choix et les actes de cette femme. M. s’ennuie, et si elle aime profondément ses enfants, cela ne lui suffit pas. Elle rêve en grand et les projets du nazisme peuvent lui apporter la puissance. Bien que confrontée à la misogynie du régime, elle sera un ventre, mère de sept enfants, mais également la plus violente fanatique du Führer. Tout est injecté avec minutie, et le rythme dynamique du texte vous enveloppe complètement. Les mots, les émotions, la propagande, les choix, les raisonnements aussi fous soient ils, s’assemblent dans un puzzle machiavélique.
Lolvé Tillmanns parle du Mal et ne commet jamais l’erreur d’expliquer. C’est à la fois malaisant et envoûtant. Je me suis sentie coupable de me réjouir de cette lecture, coupable de m’attacher à M. ou tout du moins de vouloir la comprendre, continuer à explorer ses rêves, ses déceptions et ses ambitions. L’autrice propose une réflexion sur le fanatisme, distillant d’autres propagandes du Mal; de Mao à Al-Qaida, les idéologies extrémistes ont et fascineront toujours…
À nous de prendre position…
Les éditions Cousu Mouche
Sixième roman de Lolvé Tillmanns, La Fanatique parait aux éditions Cousu Mouche. Une microédition suisse qui publie 4 romans par an et qui fête ses 20 ans aujourd’hui. Je vous invite chaleureusement à explorer leur catalogue!
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