Nouveau conseil littéraire de cette rentrée : Par le vent pleuré de Ron Rash
Ron Rash est l’un de ces écrivains américain spécialisé dans le Natural Writing, la littérature naturelle.
Après nous avoir proposé Serena en 2011, un drame mettant en scène un couple travaillant dans l’univers de la coupe du bois dans la Caroline du Nord et qui est prêt à tout pour faire fructifier son entreprise. Un livre qui alliait, selon l’auteur : « drame élisabéthain, problèmes environnementaux et richesse de la langue ». Un livre d’ailleurs adapté quelques années plus tard au cinéma.
Le voici de retour avec ce nouveau roman à la beauté littéraire envoûtante.
C’est donc une nouvelle fois le décor et la nature l’un des personnages principaux. En l’occurrence ici, les Appalaches.
Été 1969, le Summer of Love s’est transporté jusque dans ce recoin perdu des Etats-Unis et nous suivons la vie, parfois dure, parfois touchante, d’Eugene et de son grand frère Bill.
Petits-fils du rude médecin de la bourgade, ils effectuent pour lui différentes tâches tout au long de la semaine et se prélassent le dimanche venu au bord d’une rivière.
Un après-midi d’été, une jeune femme à l’allure de sirène se présente devant eux. En exil chez son oncle et sa tante, Ligeia se lie d’amitié avec eux et leur enseigne l’amour, la boisson, la drogue, le sexe et l’interdit.
Quarante-six ans plus tard, un événement sordide les fera replonger dans cet été de 1969 et bouleversera leurs convictions à tous les deux.
Mais qu’est-il donc arrivé lors de leur dernière année d’innocence et de jeunesse ?
Le premier point que l’on remarque dans ce livre est que l’écriture est belle, lancinante et prend aux tripes. Alternant les époques, elle frappe parfois durement de par sa froideur et réchauffe juste après par la poésie qui s’en dégage.
L’histoire pourrait presque faire penser à une intrigue policière par les codes qu’elle peut reprendre, mais brasse également d’autres genres.
Le récit est plutôt court et c’est ce qui fait sa force, ténu et tendu, le texte dégage quelque chose de mystique par moment et lucide par d’autre.
Je ne peux que vous conseiller ce livre qui devrait réveiller en vous l’envie de nature, de rock et de littérature américaine.
Extrait : Je me suis mis à genoux derrière elle. En nouant les cordons verts, j’ai pensé : Je sais maintenant de quoi parlent toutes ces chansons, ce dont elles parlent je l’ai fait. Ligeia s’était rallongée et elle a fermé les yeux. Je l’ai imitée, mais moi j’ai gardé les miens ouverts ; la bière et le sexe, la chaleur de l’après-midi et le murmure de la rivière avaient provoqué en moi un sentiment de satiété rêveuse. (…) Je n’étais plus celui que j’avais été, et cette personne-là, ce garçon-là, je ne le serais plus jamais.
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