Décidément, les auteurs japonais savent nous faire apprécier les petites choses simples du quotidien. Ce livre raconte des fragments de la vie de trois femmes entre 50 et 60 ans qui tiennent un traiteur, La Maison de Coco, dans la banlieue de Tokyo. Kôko, la patronne, toujours le sourire aux lèvres, Matsuko, ne ratant jamais une occasion pour répondre quelque chose de cinglant, et Ikuko, la dernière arrivée, la plus réservée des trois. L’établissement ne paye pas de mine, et l’on est loin des héroïnes jeunes, dans la fleur de l’âge, qui vivent des histoires d’amour passionnées. Pourtant, leur cuisine ravit tout le quartier, et les trois femmes ont toute quelque chose en commun : elles n’ont pas forcément été gâtées par la vie, mais nourrissent toutes une passion pour la cuisine et le partage. Pour paraphraser Kôkô : « Quelle chance d’aimer manger, quelle chance d’être vivante ! »
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Chaque chapitre porte le nom d’un met ou d’un aliment et raconte une bribe de la vie d’une des trois femmes, en mettant un point d’honneur à montrer, avec subtilité et douceur, comme des choses simples comme du chou sauté ou du maïs peuvent évoquer des souvenirs, beaux, douloureux, toujours sincères. Sans artifices ni grandes effusions d’émotions, l’auteure nous transporte dans la vie de ces trois femmes qui ne sortent en aucun cas de l’ordinaire. Une est divorcée et s’efforce de ne pas tout le temps appeler son ex-mari, une autre ne sait jamais sur quel pied danser avec son amour de jeunesse, et une autre est récemment devenue veuve. Des histoires banales, sommes toutes, mais des histoires touchantes qui rendent ces femmes attachantes. Parfois, trouver du bonheur dans des choses aussi simples que des palourdes frites alors que l’on se sent seul et mélancolique est en soi un acte de courage.
L’ode au quotidien
Finalement, « L’ode au chou sauté » est un livre qui rend heureux, tout simplement. Je ne dis pas qu’il va résoudre vos problèmes et qu’il contient les clés pour un bonheur parfait, loin de là, mais il détient quelque chose que l’on a tous tendance à oublier : aimer la vie ne réside pas forcément dans des grandes choses, il ne s’agit pas d’être riche, d’avoir une grosse voiture, le plus bel appartement, mais peut-être simplement d’apprécier l’immuable satisfaction que peuvent provoquer des choses qui semblent insignifiantes. Le soleil n’est pas moins agréable lorsqu’on est triste, et il suffit parfois de se souvenir de cela pour se sentir un peu mieux. « L’ode au chou sauté » nous rappelle tout cela, peu importe ce que l’on traverse, il est toujours possible de trouver de la beauté et du réconfort simplement dans le fait d’être présent et vivant.
« L’ode au chou sauté » est le premier livre de la collection « Le Banquet » des Éditions Picquier, une collection qui a pour but de mettre en avant des œuvres japonaises récentes où la nourriture est au centre du récit. En attendant de découvrir les autres, je vous invite à prendre un repas à La Maison de Coco, où l’action n’est certes pas au rendez-vous, mais où la sincérité et l’espoir d’une vie plus apaisée vous donneront envie d’y retourner.
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