Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes
Un beau matin, au petit-déjeuner, Remington fait une annonce tonitruante à son épouse Renata : cette année, il courra un marathon. Tiens donc ? Ce sexagénaire certes encore fringant mais pour qui l’exercice s’est longtemps résumé à faire les quelques pas qui le séparaient de sa voiture mettrait à profit sa retraite anticipée pour se mettre enfin au sport ? Belle ambition ! D’autant plus ironique que dans le couple, le plus sportif des deux a toujours été Renata jusqu’à ce que des problèmes de genoux ne l’obligent à la sédentarité. Qu’à cela ne tienne, c’est certainement juste une passade. Sauf que contre toute attente, Remington s’accroche. Mieux, Remington y prend goût. Les week-ends sont désormais consacrés à l’entraînement, sous la houlette de Bambi, la très sexy et très autoritaire coach. Et quand Remington commence à envisager très sérieusement de participer à un Iron Man, Renata réalise que son mari, jadis débonnaire et volontiers empoté, a laissé place à un être arrogant et impitoyable. Face à cette fuite en avant sportive, leur couple résistera-t-il ?
Du grand Lionel Shriver! Le portrait corrosif mais éclairé d’un couple en crise, comme tant d’autres, dans notre société si soucieuse du paraitre. C’est fort, cruel parfois mais c’est surtout un moment de lecture passionnante!
Lionel Shriver nous ravi avec son tout dernier roman mais il serait dommage de ne pas dévorer tous ses ouvrages. Parce qu’elle pose toujours en regard éclairé sur nos comportement et notre société. Si vous ne l’avez pas déjà lu, profitez de la sortie poche de Propriété privée.
Alors que son meilleur ami décide de l’exclure de sa vie, une artiste tente de récupérer le cadeau démesuré qu’elle lui avait offert. Un couple entreprend de bouter hors de chez lui son fils de trente ans qui, en bon millenial, va mettre en scène cet » abandon » sur les réseaux sociaux et devenir une star du net. Un businessman détourne l’argent de son entreprise et s’envole pour une vie dorée au soleil, avant de se voir rongé par la culpabilité. Une femme s’acharne à posséder une maison qui ne veut pas d’elle…
Portées par la verve sarcastique, l’esprit d’analyse, la provocation d’une Shriver au meilleur de sa forme, douze histoires sur un sujet aussi inattendu que central : la propriété. Celle que nous nous octroyons sur les autres, sur les objets, celle qui définit notre statut social, celle qui nous aliène aussi.
Il faut qu’on parle de Kevin
Roman culte de Lionel Shriver, Il faut qu’on parle de Kevin a été adapté brillamment au cinéma par Lynne Ramsay et interprété par la grandiose Tilda Swinton et le non moins doué Ezra Miller.
C’est un roman d’une puissance rare, véritable coup de poing qui s’attaque à un tabou.
À la veille de ses seize ans, Kevin a tué sept de ses camarades de lycée, un employé de la cafétéria et un professeur. Dans des lettres adressées au père dont elle est séparée, Eva, sa mère, retrace l’itinéraire meurtrier de Kevin. Elle se souvient qu’elle a eu du mal à sacrifier sa brillante carrière pour devenir mère. Qu’elle ne s’est jamais faite aux contraintes de la maternité. Que dès la naissance elle s’est heurtée à un enfant difficile. Que l’arrivée de Celia, petite sœur fragile et affectueuse, n’a fait que creuser le fossé entre mère et fils. Qu’elle aura passé des années à scruter les agissements de Kevin sans voir que son ambivalence envers lui n’avait d’égale que la cruauté et la malveillance du rejeton. Et, quand le pire survient, Eva veut comprendre : qu’est-ce qui a poussé Kevin à commettre ce massacre ? Et quelle est sa propre part de responsabilité ?
Avec une effrayante lucidité, Lionel Shriver dresse le portrait inoubliable d’une mère confrontée à la monstruosité de son fils. Un sujet brûlant doublé d’une vision au vitriol de l’american dream.
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