Depuis plusieurs décennies, la Sardaigne est le théâtre de meurtres rituels sauvages. Enveloppés de silence, les corps de jeunes filles retrouvés sur les sites ancestraux de l’île n’ont jamais été réclamés. Lorsque les inspectrices Mara Rais et Eva Croce se trouvent mutées au département des « crimes non élucidés » de la police de Cagliari, l’ombre des disparues s’immisce dans leur quotidien. Bientôt, la découverte d’une nouvelle victime les place au centre d’une enquête qui a tout d’une malédiction. De fausses pistes en révélations, Eva et Mara sont confrontées aux pires atrocités, tandis que dans les montagnes de Barbagia, une étrange famille de paysans semble détenir la clé de l’énigme. La première enquête de Mara Rais et Eva Croce nous plonge dans les somptueux décors de la Sardaigne, au coeur de ténèbres venues du fond des âges.
Premier roman traduit en français de Piergiorgio Pulixi, L’île des Âmes est une pépite.
Un sens du rythme particulier qui découpe votre lecture en chapitres à la brièveté redoutable. De pistes tangibles en décors fabuleux, Piergiorgio vous promène d’un personnage à l’autre et construit un puzzle diabolique qui vous happe totalement.
Une lecture ensorcelante, de celle qui reste en vous très longtemps.
La Sardaigne de Piergiorgio Pulixi y est pour beaucoup. Envoûtante, luxuriante et dure, les descriptions sont toutes somptueuses et dignes des meilleures agences de tourisme. Bien que je doute qu’une telle enseigne opte pour les meurtres rituels comme arguments de vente. Et pourtant, la culture nuragique et ses traditions sacrées méritent toute votre curiosités.
Les personnages sont tous plus passionnants les uns que les autres. Mara Rais et Eva Croce, les deux inspectrices, évitent tous les clichés du polar. Sans sensiblerie ni manichéisme, leur vécu brise votre âme et assied définitivement votre loyauté. De leurs fragilité et leur manquement elles puisent une force infinie. Pas de résilience, pas d’apitoiement, pas d’excuses, rien que la réalité de la vie qu’on affronte : le front haut, le regard affûté et les pieds bien ancrés dans la terre.
Parce que la terre trahit moins que les Hommes.
Moreno Barrali, inspecteur déchu, malade, obsédé par une enquête qu’il traîne depuis quarante ans devient immédiatement votre ami. La plume vive de Piergiorgio Pulixi dresse un personnage complexe et attachant qui nous donne immédiatement envie de le côtoyer : pour l’aider et pour absorber tout son savoir. Si chaque protagoniste porte son lot d’émotions, il est une famille qui a définitivement emporté mon cœur : les Ladu…
Installée depuis la nuit des temps dans les montagnes de Barbagia, région sarde qui a su résister à l’envahisseur romain, cette famille detient encore mille secrets, pratique mille traditions et vénère mille vestiges d’une culture ancestrale précieuse. Je veux être un Ladu…
Je veux pratiquer la Vendetta, le Sàmbene, la Sa Paradura et toucher du doigt le deus ti lu pachete. Je veux un milligramme de leur sens de l’honneur et de la loyauté. Je veux participer à leur Carnaval et ressentir la terre comme ils la choient. Je veux embrasser, même une seule seconde, toute leur force et leur férocité. Je veux que ces traditions perdurent jusqu’à la fin des Mondes, malgré le prix qu’elles exigent ou, peut-être, à cause du prix qu’elles réclament…
Piergiorgio Pulixi fait ressortir le plus noir de l’Homme et de la Sardaigne dans un roman policier redoutable au dénouement en coup de théâtre !
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