Benoît Philippon
Un auteur de polars résolument féministes
Une plume magistrale dans un style particulier : le cynisme, la parodie et la tendresse infinie pour les gueules cassées. Benoit Philippon est aussi un auteur terriblement féministe, toutes ses héroïnes sont grandioses et au travers des vies de ces petites gens, il nous offre des personnages à qui toutes les femmes peuvent s’identifier ou se référer ! Il souligne à merveilles les saloperies que la vie met en travers de celles de femmes et propose des solutions jouissives et libératrices pour y faire face !
Joueuse – Benoît Philippon
Poker Thriller & Féminisme
Le nouveau polar de Benoît Philippon est une partie de poker virtuose ou chacun mise sa vie.
Maxine est une des ces femmes à qui rien ne résiste. Elle est joueuse, de la vie et des cartes, elle est « une putain de guerrière » Loin des clichés de la femme Forte, Amazone libre et dévastatrice, Maxine est une plaie à vif, une âme perdue qui souffre et chevauche la vie à en perdre haleine. Maxine n’est pas une victime qui lutte pour survivre, Maxine est une guerrière qui se bat pour l’Honneur ! Une tornade qui défie le monde, bien décidée à régler ses compte dans l’univers si masculin du poker, qu’importe la mise !
Maxine va rencontrer Zack, joueur professionnel comme elle, et lui propose une alliance pour battre un concurrent redoutable. Piège ou vengeance ? Dans ce monde de bluff, tout est faussé mais impossible pour Zack de résister à la tentation du jeu. Zack c’est le manipulateur par excellence, le « roi parmi les losers plutôt qu’un prince parmi les winners ». Verrouillé, insensible, bocal hermétique à la moindre émotion, Zack à tout pour être détestable et pourtant comme ce personnage est attachant ! Peu-être parce que Baloo, son compère souligne merveilleusement ses failles. Baloo est l’humaniste improbable de cette aventure. Sauveur d’âmes qui semble n’avoir rien à faire dans cet univers de mensonge et de sécheresse sentimentale. Baloo est un juste parmi les faibles, missionnaire de l’honneur, prêcheur de la bonne parole mais capable de jouer avec ses poings !
Et puis il y a Jean, ce môme de sept ans, surdoué et surtout démoli. La force de ce gosse c’est l’intelligence, des mots, des neurones, des liens humains. Jean est le rayon de soleil de cette histoire, le fil émotionnel des relations. Il balance des coups de projecteur sur les failles de nos protagonistes, les empêchant de n’être que des manipulateurs calculateurs et insensibles. Jean c’est les blessures de la vie qui deviennent des armes, des éclats, des fulgurances.
Nos quatre « héros » vous emmènent dans la partie du siècle, mise de départ cinq cent mille euros, autant dire qu’on y joue sa vie. Ce parallèle entre poker et destinée est admirablement bien mené par Philippon ! Un polar palpitant qui souligne les luttes, l’amitié, la morale et le courage.
-Rouge ou Blanc ?
-Quoi ?
-T’es plutôt rouge ou Blanc ?
-Blanc c’est parfait !
-J’ai que ru Rouge, dit-elle en lui tendant un verre de nuits-saint-georges premier cru
« Elle se fout de ma gueule »Baloo sait son action réprouvée par la loi, mais elle lui parait d’intérêt public. Si tous les mecs l’imitaient, les prédateurs se mettraient d’eux-mêmes sur le dos, soumis comme tout animal a son tour dominé, de peur de prendre un raclée collective.
On s’arrête pas de bluffer quand le jeu est fini. Sinon, on sait que tu bluffais. Ça compte.
Tu me fais passer pour un putain de prédateur !
Mais t’en es un, poto. T’en es un… Ce qui te sauve, c’est que t’as jamais perdu le contrôle, mais je te surveillais. Et je flippais, mec. T’as pas idée comme je flippais. Parce que si je t’avais surpris à déconner avec l’une d’elles, ne serait-ce qu’une fois, si t’avais passé la frontière, du bout de l’orteil, je t’aurais cassé toutes tes dents. Une à une. Et crois moi, ça m’aurait brisé de coeur. Mais je t’aurais cassé les dents…
C’est réconfortant de savoir que son meilleur ami veille sur soi. Même si ca veut dire se faire ravaler la façade.
Mamie Luger – Benoît Philippon
Centenaire Fémisiste & Serial Killeuse
Une grand-mère des plus attachante!
Six heures du matin, Berthe, cent deux ans, canarde l’escouade de flics qui a pris d’assaut sa chaumière auvergnate. Huit heures, l’inspecteur Ventura entame la garde à vue la plus ahurissante de sa carrière.
La grand-mère au Luger passe aux aveux et le récit de sa vie est un feu d’artifice. Il y est question de meurtriers en cavale, de veuve noire et de nazi enterré dans sa cave. Parce que toute sa vie, la vieille édentée à flingué à tout va ! Généralement des hommes qui lui ont manqué de respect, souvent des maris, les siens.
Berthe est un personnage hilarant, attachant et totalement irrespectueux. Elle est aussi un symbole féministe qui lutte contre la domination masculine et les violences faites aux femmes à coup de Luger. Qui suis-je pour juger de ses moyens ? Il y a des féminismes, j’ai donc envie de vous dire ; chacun ses armes.
L’interrogatoire de Berthe est une jouissance littéraire, un grand moment d’écriture, une prouesse du huis-clos ! Parce qu’a 102 ans, elle en a des choses a raconter (à avouer) !
-Bon, reprenons, vous avez droit à un avocat.
-M’embrouille pas avec tes salamalecs administratifs. Les avocats ont d’intérêt que coupés en deux avec un zeste de citron.Son mari voulait la garder à la maison ? En 1952, asservir une femme n’avait rien d’un crime. On appelait ça une femme au foyer.
T’es en train de me dire que je risque la prison à vie? J’ai cent deux ans, Columbo. T’en déduis quoi?
Quoi ? La loi et la justice, ce serait lié ? T’as fumé trop d’thé vert, mon grand.
Cabossé – Benoît Philippon
Luciole Tomate écrasée & Love Story
Si vous ne connaissiez pas encore Benoit Philippon avant de lire cet article, vous pouvez choisir de commencer par ce polar puisque c’est ici que vous allez rencontrer Roy et Guillemettte, deux protagonistes importants du roman Mamie Luger.
Moi j’ai tout fait à l’envers et promis ça n’a rien enlever à mon plaisir de lecture.
« Quand Roy est né, il s’appelait Raymond. C’était à Clermont. Il y a quarante-deux ans. En avril. le 1er pour être exact. Si la vie avait de l’humour, on aurait pu croire au fameux poisson dudit jour tant la tronche de cet enfant ressemblait à une blague. Et pas de bon goût encore. »
Roy est comme tout le monde, il aimerait bien ne pas finir seul. Mais avec cette blague qui lui sert de figure, il a bien du mal a entrer en contact avec la gente féminine. Alors Roy s’inscrit sur un site de rencontre et là, c’est le drame… Un clic et Guillemette entre dans sa vie. Une adorable insouciante, joyeuse et pétillante demoiselle qui n’en a rien à carrer de sa gueule cassée.
Roy et Guillemette c’est la Belle et la Bête moderne, du Audiard dépoussiéré, un Sailor et Lula burlesque et jubilatoire.
Il faut pas sous-estimer l’énergie de la revanche. Elle est encore plus puissante que celle du désespoir.
Et soudain le barrage pète. Les larmes se déversent. Comment un si petit corps peut contenir autant de larmes ? On est fait de 95% d’eau, il paraît, alors si tu les pleures , c’est quoi les 5 % qui restent ? Les os ? L’âme? Les regrets ?
Roy avait toujours connu un monde intellectuel anémie , où une soirée TF1 était le climax philosophique d’une journée déjà très intense en léthargie cérébrale .
On est en France. Ça fait mauvais effet d’aimer les Ricains. si j’ai envie de m’appeler Roy, ça m’regarde, j’vous fais pas chier parce que vous vous coltinez des noms de merde comme Marcel ou Robert sur votre carte du FN
Laisser un commentaire