Ramon Mercader. Source : biografias y vias
Leonardo Padura, auteur de romans et de polars, abandonne pour cette fois son personnage fétiche, le détective Mario Conde. Dans L’homme qui aimait les chiens, il propose de nous raconter l’histoire de Lev Davidovitch, mieux connu sous le nom de Leon Trotski, et de Ramon Mercader, son assassin.
Quand bien même nous connaissons le destin tragique de Trotski, Leonardo Padura ne ménage pas le lecteur en installant une tension permanente. Une forme de suspense qui nous donne envie de savoir à quel moment et de quelle façon le destin de Trotski va croiser celui de Ramon Mercader.
Leonardo Padura a peut-être donné des vacances au détective Mario Conde mais il n’a pas pour autant oublié de situer son roman à Cuba, son île natale. C’est Ivan, écrivain frustré, qui va recueillir les confidences de cet homme qui marche sur une plage cubaine, promenant deux chiens, des lévriers barzoï. Il se prénomme Jaime Lopez et était un ami proche de Ramon Mercader. Un ami si proche que l’histoire qu’il raconte à Ivan est d’une précision implacable, tant dans les faits que dans l’analyse de la personnalité de Mercader. On découvre le passé et la personnalité ambigüe de celui qui acceptera la mission confiée par le Parti Communiste depuis son antenne en Espagne : tuer Trotski. Les raisons qui le pousseront à accepter sont multiples et complexes . En détaillant le profil de Caridad, sa mère, qu’il appelle par son prénom et qui consacre sa vie au Parti, on trouve quelques éléments de réponse.
Caridad. Source : El Espagnol
Parallèlement à ce récit dont Ivan nous rend compte, l’auteur s’intéresse au destin de Trotski, devenu persona non grata en URSS depuis que Staline est au pouvoir. Nous sommes en 1928. Les menaces permanentes du Kremlin envers Trotski contraignent ce dernier à l’exil. Depuis les steppes glacées où il côtoie la mort, il finit par recevoir une lettre où on exige qu’il quitte le pays dans un délai de 24h. En vertu de l’article 58/10, récemment élaboré, on l’accuse « de fomenter des campagnes contre-révolutionnaires visant à organiser un parti clandestin hostile aux soviets. »
Padura nous emporte dans le tourbillon des années 30, tumultueuses et annonciatrices de la Deuxième Guerre mondiale. De l’Espagne pré-franquiste à l’URSS en passant par Paris puis le Mexique, on suit tour à tour Trotski dans son exil, et Mercader dans sa traque qui mènera à l’assaut final. Captivant.
Nul besoin d’être un fin connaisseur de cette période de l’Histoire pour apprécier L’Homme qui aimait les chiens, au contraire. Padura nous offre un roman foisonnant de détails de cette époque grâce à un gros travail de recherche. Tout au long de son exil, le personnage de Trotski revient sur son combat depuis la révolution d’Octobre 1917. L’Histoire nous est donc racontée dans les grandes lignes. Si toutefois, une fois le livre refermé, les personnages vous habitent encore, comme c’était mon cas, je vous invite à lire La Révolution Russe d’Octobre 1917 par Leon Trotski ( Editions L’Esprit du Temps).
Leonardo Padura est un auteur passionnant et passionné. Pour les férus d’Histoire, je vous conseille aussi Hérétiques. Ma collègue Alice vous en dit un peu plus sur cet ouvrage dans un article disponible sur ce même blog. Par ailleurs, Padura est un fervent critique du régime cubain. Pour mieux le connaître, je vous conseille cette interview disponible sur France Culture (cliquez sur la photo ci-dessous)
Bonnes lectures!
Sandrine
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