Les virus dans la littérature
Les dernières sorties
Dans mon premier article sur le sujet, je vous présentais des classiques de la littérature. Ici, je m’intéresse à des écrits plus récents.
Réalisme ou anticipation ? On peut se demander, à la découverte de ces romans, si leurs auteurs sont visionnaires, paranoïaques ou juste lucides.
Commençons par celui auquel tous le monde pense ; le célèbre Pandemia de Frank Thilliez.
L’homme, tel que nous le connaissons, est le pire virus de la planète. Il se reproduit, détruit, épuise ses propres réserves, sans aucun respect, sans stratégie de survie. Sans nous, cette planète court à la catastrophe. Il faut des hommes purs, sélectionnés parmi les meilleurs, et il faut éliminer le reste. Les microbes sont la solution.
Rendez-vous est pris avec le célèbre duo Sharko et Henebelle pour un enjeu de taille : la préservation de l’espèce humaine. Je ne suis pas une grande fan de Thilliez mais je lui reconnais l’efficacité de ses histoires et son gros travail de documentation.
Vous voulez du professionnel des épidémies ? Optez pour Robin Cook ! Des polars bourrés de virus, bactéries et autres joyeusetés médicales. Son Pandémie sort chez nous en octobre 2019 et semble terriblement d’actualité aujourd’hui. Si l’intrigue est plus lente que dans le génialissime Toxine ou moins angoissante que Cobayes, elle a le mérite de poser beaucoup de questions sur la manipulation génétique et sur les motivations les plus sombres de l’être humain !
Dans le métro de New York, une jeune femme, apparemment en bonne santé, est prise de frissons violents et commence à suffoquer. Elle décède à son arrivée à l’hôpital. Il semblerait qu’elle ait succombé à un mystérieux virus. Une hypothèse aussitôt confirmée par des décès similaires dans les jours qui suivent. La tension monte alors d’un cran et le médecin légiste Jack Stapleton redoute qu’une terrible pandémie s’abatte sur New York. Tandis que la peur déferle sur la ville, Stapleton découvre, effaré, qu’il ne s’agirait pas d’un seul mais de plusieurs virus non identifiés. Il n’est pas au bout de ses surprises : une technique récemment mise au point permettrait de les éradiquer tous. Et si ce n’étaient pas « seulement » les virus qu’il fallait stopper mais celui ou ceux qui ont intérêt à les répandre ?
Autre grand champion de la terreur en littérature ; Stephen King ! Je ne peux que vous présenter son Fléau ! On avait cru d’abord à une banale épidémie de grippe. Mais quand les cadavres se comptèrent par milliers, quand les villes se transformèrent en charniers infâmes, il fallut bien se rendre à l’évidence : le Fléau n’épargnerait personne. Inexorablement, il se répand sur l’Amérique et, de New York à Los Angeles, transforme un bel été en cauchemar. Avec un taux de contamination de 99,4 %, dans ce monde d’apocalypse émerge alors une poignée de survivants hallucinés. King vous pousse a prendre conscience de l’ampleur du désastre et une angoisse sourde s’empare de vous. Le vide de ce monde est terrible et vous enchaîne à ses pages !
Je vous conseille le tome 1, pour le 2 et le 3 je vous laisse seul maître à bord (oui cela veut dire que je n’ai pas trouvé nécessaires ces deux suites)
Deon Meyer nous revenait en 2017 avec L’année du lion. Une fièvre c’est abattue sur le monde et a décimé les neuf dixièmes de la race humaine. Pour survivre, Willem Storm, a fondé Amanzi, une nouvelle colonie, et l’a menée du chaos à l’ordre, de l’obscurité à la lumière, de la famine à l’abondance. Mais Willem est assassiné et on suit son fils, Nico Storm qui détestait et vénérait se père charismatique. C’est le temps de la vengeance. Dans un monde devenu hostile, la lutte pour la survie de l’espèce est au coeur de l’intrigue. Les parallèles avec notre monde actuels sont terribles et il faut être aveugle pour ne pas les voir. Pas de zombies dans ce thriller post-apocalyptique non. Juste la violence de l’humain.
Roman Tristement lucide mais lecture addictive.
Il arrive que se produisent des choses qui rassemblent l’humanité tout entière, et chacun se rappelle l’endroit où il se trouvait quand il a appris la nouvelle. Pour nous la réponse est assez simple : chez nous…
Sigridur Hagalin Björnsdóttir nous emmène sur l’île, dans un fjord abandonné d’Islande. Là, un homme se souvient : comment toute communication avec le monde extérieur fut soudain coupée, comment réagirent le gouvernement, les médias, la population.
Le pays, obsédé par son passé, croit pouvoir vivre en autarcie, rejette dangereusement tout ce qui n’est pas islandais, et réactive des peurs ancestrales. Faire face à la faim, dans un pays de volcans cerné par les eaux. Comme un piège qui se referme. Roman maîtrisé de bout en bout qui nous confronte aux choix politiques oui, mais aussi aux nôtres, ceux du peuple, au quotidien, dans une situation de confinement. Une analyse politico-économique et sociale aiguisée qui met en lumière les dérives dont nous sommes capables sous couvert de protection. L’émergence d’une dictature, le rejet des populations étrangères, le retour de la famine et la fuite des villes vers les campagnes. Sous couvert d’organisation, le chaos règne et les plus faibles, les moins organisés sont voués à la disparition. L’île est une dénonciation, un appel à la vigilance.
Je vous promettais un Nora Robert, j’y viens. Oui Nora, grande autrice devant l’Éternel a elle aussi écrit sur la pandémie. Dans sa trilogie, Abimes et Ténèbres, un virus inconnu se répand puis tue le tiers de la population mondiale en seulement quelques semaines. Les rescapés fuient, les villes se dépeuplent. Mais à la croisée des chemins se rejoignent certaines destinées. Arlys, journaliste télé, quitte New York, devenue hostile et dangereuse. Lana, enceinte, trouve refuge dans le Maryland auprès de Simon, un ancien militaire. Quand l’heure sera venue pour Fallon de venir au monde, la prophétie se révélera. Car cette enfant devra un jour sauver l’humanité.
Spécialiste de romans d’amour et de Thriller, Nora Roberts saupoudre souvent ses histoires de Fantastiques. Lire Nora Roberts est une expérience particulière : on adore ou on déteste. Je fais partie de la seconde catégorie mais je garde en mémoire qu’elle reste l’autrice traduite dans 26 langues et une des plus vendues au monde…
Si les livres ci-dessus vous parlent de virus dévastateurs, Xavier Muller opte lui pour un autre genre de catastrophe dans Erectus. A Richards Bay, en Afrique du Sud, c’est le choc. Un homme s’est métamorphosé. Il arbore des mâchoires proéminentes, est couvert de poils, ne parle plus. Bientôt, à New York, Paris, Genève, des Homo erectus apparaissent en meutes, semant la panique dans la population. L’humanité se met à régresser. De quel virus s’agit-il ? Que se cache-t-il derrière cette terrifiante épidémie ? Une scientifique française se lance dans une course contre la montre pour comprendre et freiner cette régression de l’humanité. Partout, la question se pose, vertigineuse : les erectus sont-ils encore des hommes ? Faut-il les considérer comme des ancêtres à protéger ou des bêtes sauvages à éliminer ?
Je termine par une série de livres: U4 un bijou de littérature jeunesse ! A ne pas mettre qu’en de jeunes mains, non, tout le monde doit se plonger dans cet univers de fou !
Une épidémie à tué la majorité de la population mondiale. Seuls survivent quelques adolescents. Dans ce monde livré au pillage, où tous les repères ont disparu, que faire pour que ce cauchemar cesse ? U4 se sont quatre romans : Koridwen – Yannis – Jules – Stephane. Chaque roman a pour narrateur un des quatre personnages-titres, qui va au fil des pages rencontrer les trois autres. La même histoire vue, vécue, ressentie par quatre protagonistes différents. Et c’est terriblement bien fait ! Ils ont survécu au virus U4. Ils ne se connaissent pas, mais ils sont en route vers le même rendez-vous.
« JE M’APPELLE STEPHANE ». Je vis à Lyon. C’est le chaos. Des bandes de jeunes commencent à piller les appartements vides. D’autres investissent les lycées désertés… Moi je préfère attendre mon père, chez nous. Et s’il ne revient pas, j’irai au rendez-vous. J’irai jusqu’à Paris pour le retrouver dans son bunker de l’armée ».
« JE M’APPELLE KORIDWEN ». Je suis la dernière survivante du hameau de Menesguen. J’ai décidé de me rendre à Paris. 541 kilomètres en tracteur, c’est de la folie, mais toute seule ici je suis trop vulnérable. Ma grand-mère m’a toujours dit que j’aurais un destin exceptionnel. C’est le moment de le vérifier « .
« JE M’APPELLE YANNIS ». Mes parents et ma sœur sont morts sous mes yeux. Depuis, leurs fantômes m’accompagnent partout. Il faut que je quitte Marseille avec mon chien, sinon je vais devenir fou. Je n’ai plus qu’un espoir : arriver à temps au rendez-vous, à Paris. »
« JE M’APPELLE JULES ». Ce rendez-vous, j’y vais parce que j’y crois. Jules vit reclus dans son appartement à Paris. Il n’a pas de nouvelles de ses parents, en voyage à Hong Kong lorsque l’épidémie a commencé de se propager. Le spectacle qu’il devine par la fenêtre est effroyable. Mais il sait qu’il ne pourra pas tenir longtemps en autarcie. Son seul espoir : le rendez-vous fixé par Warriors of Times.
Un page turner efficace et singulier, avec une atmosphère très lourde, qui pose de vraies questions sur l’organisation de la société, mais surtout un beau travail d’écriture et un projet original.
Vous pouvez poursuivre immersion avec l’ouvrage Contagion, un recueil de nouvelles reprenant les héros principaux ou mettant au premier plan des personnages secondaires. S’y ajoutent deux BD et quatre textes gagnants du concours de fan fiction lancé par les éditions Nathan et Syros.
Catastrophiques tous! Certains plus angoissants que d’autres, ils ont pourtant tous le mérite de nous faire réfléchir. Je dois confesser un gros coup de cœur pour L’île de Sigridur Hagalin Björnsdóttir tant son texte sonne comme une alerte de ce qui peut être le plus noir en nous.
Entre trois lectures et quelques sieste, je termine ma trilogie virale par un dernier article concernant les romans qui traitent eux, de l’après… Comme survit-on à une catastrophe? Quel monde s’offre à nous ou sommes-nous prêts à inventer? A découvrir prochainement.
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