David Joy, né le 11 décembre 1983 en Caroline du Nord, est un homme de la montagne. Réputé pour abuser de la boisson et avoir plutôt mauvaise fréquentation, c’est également une des nouvelles voix de génie dans le roman noir actuel.
Son premier roman, Là où les lumières se perdent, traitait d’un jeune homme, fils du parrain local de sa montagne des Appalaches, devant faire face à ses responsabilités après une bagarre tournant mal.
La prose lumineuse parmi cette noirceur n’était certes pas nouvelle, mais la qualité de la réalisation et le ressenti du vécu de l’auteur transpirait tellement à travers les pages qu’on ne pouvait que crier au chef-d’oeuvre.
Le 30 août paraîtra son nouveau roman, toujours aux éditions Sonatine, Le poids du monde.
Aiden a vu son père abattre sa mère sous ses yeux avant de se suicider lorsqu’il avait 8 ans. Recueilli par son ami Thad, laissé pour compte par sa mère, ils grandissent ensemble dans les montagnes désolées de la Caroline du Nord en vivotant de petits jobs, prises de drogue et vol de cuivre dans les maisons que la crise économique a vidé de ses habitants.
Des années plus tard, Thad revient de son service militaire et a du mal à se réadapter au système.
Face au mur, ils vont devoir trouver un moyen de s’en sortir au plus vite avant d’y passer.
Un coup du sort les fera hériter d’une importante somme d’argent et de drogue après la mort de leur dealer.
Chance ou malédiction ?
Que faire lorsque le monde semble vous offrir une échappatoire tant espérée, mais vous lègue aussi tout son poids sur les épaules ?
Disons-le directement, la prose et le style de David Joy se sont améliorés depuis son premier livre.
Le style est plus nerveux, mais également plus intimiste, frôlant parfois avec le roman à réflexion interne, le tout toujours saupoudré de noirceur parsemée de touches de lumière bienvenues.
Ce livre est plus noir que le précédent, mais également quelque part plus lumineux.
Le sujet plus universel, le contexte plus ancré dans la réalité de tout un chacun.
C’est l’un des romans américains les plus intéressants de cette rentrée et il est important qu’il ait un impact, tant pour la littérature noire encore en plein développement que pour la culture en général.
Le roman noir n’est pas un sous-genre littéraire, c’est une vraie claque qui vaut la peine d’être prise et lorsque l’on voit la qualité de narration de ce livre, on tend l’autre joue.
Extrait: C’était une chose qu’elle n’avait pas oubliée , une chose qu’elle ne pourrait jamais oublier, ni maintenant ni plus tard, une odeur qui avait neuf mois de plus que Thad , une odeur qui , ce jour encore, la terrifiait , la pétrifiait , la rendait folle de rage.
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