Alice Zeniter, une jeune auteure prolifique
Alice Zeniter, du haut de ses 31 ans, fait déjà partie de la cour des grands. Auteure reconnue, auréolée à seulement 29 ans du prix Renaudot des Lycéens pour son roman Juste Avant l’oubli, elle est une jeune auteure prolifique et prometteuse. Désormais, avec son dernier titre, L’Art de perdre, elle fait à mon sens partie des auteurs contemporains incontournables. Pour cette rentrée littéraire elle nous offre, et je pèse mes mots, un récit subtil, ancré dans l’actualité et les questionnements de notre société. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’elle ait obtenu le Prix Littéraire du Monde le 6 septembre dernier, ou encore qu’elle figure dans la sélection de nombreux prix dont le Goncourt et le Renaudot !
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L’histoire des harkis sur 3 générations
Dans ce récit, l’auteure prend le temps de planter le décor, celui d’un petit village algérien où Ali et sa famille s’occupent de leurs oliviers. La montagne, la nature, le paysage semblerait presque bucolique si, dès le départ, Alice Zeniter ne nous faisait pas ressentir cette colère qui gronde, annonciatrice des premières révoltes qui aboutiront à la guerre d’Algérie.
Ali, le patriarche, un taiseux, un travailleur, se préoccupe de sa sécurité, celle de sa famille et de ses amis. Alors quand le village se fait attaquer par le FLN et tue certains de ses amis, il prend parti. En prenant cette décision, Ali n’a pas conscience des conséquences lourdes qui vont suivre. Car Ali sera un harki.
A travers cette saga familiale, Alice Zeniter nous prouve à quel point le destin des harkis s’est transmis de génération en génération. L’auteure, elle-même petite-fille de harkis, a mis beaucoup d’elle dans le personnage de Naïma, qui part en quête de l’histoire familiale.
L’art de perdre, un récit qui prône l’échange et la tolérance
L’art de perdre est un appel à s’intéresser à l’histoire de l’autre, à son passé, à ses choix, en essayant toujours de comprendre plutôt que de juger, en se mettant à la place de. Aux clients qui sont venus me voir ces dernières semaines pour des romans ou des essais en lien avec l’Algérie, j’ai parlé de ce roman. Chaque fois, nous avons échangé quelques minutes sur la complexité de la guerre d’Algérie et le sort réservé aux harkis. Vendredi 8 septembre, alors que je suis en train d’écrire cet article, un client se présente. Il recherche un ouvrage sur la guerre d’Algérie. Il s’appelle Ali, comme le patriarche du roman. Ses parents ont milité pour l’indépendance et il s’insurge contre le sort qui a été réservé aux harkis. L’occasion pour moi d’écouter un homme qui prône le pardon, la lecture et la paix. L’année dernière, l’émotion me gagnait parfois quand j’échangeais avec les clients au sujet de Petit Pays et du génocide au Rwanda. Cette année, c’est sûr, ce sera L’Art de perdre .
Belles lectures
Sandrine
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