Quelle magnifique découverte ! Chie Shimomoto nous propose ici un manga étonnant, sur une thématique que l’on voit peu dans nos contrées occidentales : la vie et l’œuvre d’un peintre japonais de légende, Tōhaku Hasegawa. Né en 1539 et mort en 1610, Hasegawa est considéré comme l’un des grands maîtres de l’art japonais et a particulièrement laissé sa trace dans la peinture bouddhiste, en créant également une école portant son nom à Tokyo, appelée Edo à l’époque.
Un peintre sous-estimé
Le récit commence alors qu’Hasegawa n’a pratiquement aucune reconnaissance en tant que peintre. Il a des contrats par-ci par-là, mais il rêve plus grand et un événement en particulier va enfin le pousser à partir pour Kyoto, accompagné de sa famille et d’un de ses disciples. Là-bas, il met tout en œuvre pour enfin pouvoir vivre de son art et acquérir la reconnaissance qu’il mérite.
Le brasier de la créativité
S’il y a bien un thème qui revient tout au long de ce manga, c’est bien le feu. L’auteure a pris comme fil conducteur cet élément pour montrer à quel point le feu intérieur d’une personne, lorsqu’il s’agit de ses passions, n’a d’autre choix que de brûler et que rien ni personne ne peut l’éteindre. En montrant également à quel point une telle passion peut nous obséder et nous consumer, Shimomoto parvient avec brio à nous emporter dans ce récit, en apparence si loin de nous, et à complètement nous impliquer dans l’intense et touchante vie que fut celle d’Hasegawa. Plusieurs éléments sont sans nul doute romancés, mais peu importe, le message est clair, d’une beauté rare, et motivant pour toutes personnes qui créent, d’une manière ou d’une autre : on ne peut faire taire la créativité et les passions qui brûlent au fond de nous.
Magnifique, tant visuellement que dans la narration
Le style de Shimomoto est absolument parfait et sait retranscrire à merveille l’œuvre d’Hasegawa, ainsi que la vague d’émotions, parfois submergeante et inexplicable, que l’on ressent lorsque l’on voit un tableau, une fresque, une œuvre, qui nous plaît et nous touche au plus profond de nous-mêmes. L’histoire est également très touchante et nous montre que les événements tragiques de la vie peuvent être une source d’inspiration, au même titre que la beauté qui nous entoure. « Le Mandala de Feu » est un hommage au génie d’Hasegawa, mais également à l’art en général, à la relation quelques fois paradoxale que les artistes peuvent entretenir avec leur art, et à tous ces moments où la créativité est nécessaire pour nous exprimer et nous aider à voir la beauté dans ce monde. Une sublime création à découvrir au plus vite.
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