Est-ce que je suis une fan de ballon rond ? Pas forcément… S’il y a une équipe qui peut avoir mes faveurs c’est celle du FC Sankt Pauli. Soyons honnête, plus pour les valeurs qu’elle véhicule et sa tête de mort que pour ses résultats sportifs. Toujours est-il que je suis tombée un jour sur un livre de John King, Skinheads, et que j’ai dévoré les mots de l’auteur. Alors j’ai avalé tous ses autres ouvrages dont sa trilogie footballistique.
John King c’est de la littérature anglaise qui se moque de l’establishment, littéraire ou sociétal. C’est les années 90, la culture populaire en drapeau, les petites gens en héros et la violence du quotidien en uppercut.
Il n’est pas nécessaire de vouer une passion au foot pour apprécier sa trilogie mais avoir quelques penchants pour l’Angleterre, ses mouvements ouvriers et ses rapports délirants à l’autorité sera une clef pour apprécier les ouvrages de King. Parce que sa plume est fantastique mais qu’il parle beaucoup, et avec brio, de révolte et de colère.
Football Factory
Premier roman d’une force et d’une efficacité extrêmes, Football Factory met en scène Tom Johnson un supporter hooligan de Chelsea, haut en couleur, à l’image d’une société en colère, dont la brutalité est la règle. A chaque match, Tom et sa bande vont défendre les couleurs de Chelsea. Victoire, défaite, peu importe, c’est toujours le même scénario : bières, baston avec les supporters des clubs rivaux et castagne avec les flics. Comme des milliers de jeunes, ils sont les parias d’une société britannique en crise, ravagée par le chômage et l’alcoolisme et John King les montre tels qu’ils sont.
Un récit réaliste, cru et dérangeant qui nous montre les réalités quotidiennes de cette déchéance sociale, chômage, racisme, violence gratuite, alcoolisme, coucheries minables et la façon dont elles s’inscrivent dans un contexte politique fait de surveillance, de manipulation médiatique et de désunion.
Football Factory est un roman sur les parias des années 90, des individus réduits au niveau d’éléments statistiques par des années de politique hypocrite. Leur frustration et leur rage trouvent un exutoire le samedi après-midi, dans les bars et les ruelles, à l’écart des stades et des caméras, hors de vue, hors d’atteinte. Des parallèles s’établissent entre le passé et le présent, illustrant cette expression : » Fais-le en uniforme, et tu auras droit à une médaille, fais-le par toi-même, et tu auras droit à six mois de tôle « .
Le texte dessine, en contrepoint à la vie violente de Tom, des portraits de Londoniens ordinaires. Football Factory est une vertigineuse poussée d’adrénaline et comme le dit Irvine Welsh, auteur de Trainspotting :
» Le livre le plus authentique jamais écrit sur la classe ouvrière anglaise. «
La meute
Ils sont cinq: Carter, Will, Harry, Balti et Mango. Cinq garçons amateurs de sexe, de bière et de football. Ils sont obscènes, asociaux, amorphes, bref ils ont tout pour plaire. Copains depuis toujours, ils ne se sont jamais quittés. Vont-ils enfin se résoudre à grandir ?
Au lendemain du Nouvel An, ils décident de faire un concours. La compétition est basée sur les performances sexuelles de chacun, indexées selon un barème rigoureux allant de 1 à 4. Que le meilleur gagne ! Ou plutôt le pire.
Car avec John King, Le pire est toujours sûr.
La Meute est une comédie noire où la guerre des sexes fait rage. Le manque d’argent, la haine de classe, la frustration, la peur de l’avenir rongent les cinq jeunes gens. Pourtant, au milieu de cette farce, comique et sombre, surgissent l’espoir, le rêve, le désir d’une autre vie, comme des fusées illuminant brièvement la nuit.
England away. Aux couleurs de l’Angleterre
L’aventure commence lorsqu’un jeune hooligan décide de faire la route jusqu’à Berlin via la Hollande pour assister à un match Angleterre-Allemagne qui deviendra historique.
Au pub de l’Unity, leur QG, Harry et sa bande mettent au point leur programme : prendre le ferry pour Amsterdam, beuveries, drogues, bagarres et coucheries, puis rejoindre en train Berlin pour assister au match et défendre leurs couleurs à n’importe quel prix. Résultat ? Berlin est mise à feu et à sang mais la réputation anglaise est sauve. Bill Farrell, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale qui connaît bien Harry et les autres, ils fréquentent le même pub, est horrifié par ces hooligans mais aussi par le discours des journalistes qui présentent leurs bagarres comme une » guerre « .
Guerre ? Qu’ont-ils à voir avec le jeune soldat débarqué sur la côte normande en juin 1944 pour défendre fièrement la bannière de son pays?
Aux couleurs de l’Angleterre, dernier volet d’une trilogie entamée avec le mythique Football Factory, raconte deux traversées de la Manche à cinquante ans d’intervalle et dresse un parallèle percutant entre guerre et hooliganisme.
Cru, tantôt burlesque ou tragique, ce roman résolument politique dénonce la violence gratuite et l’opportunisme des médias.
Une trilogie par son thème mais qui ne se suit pas, à lire dans l’ordre qui vous plaira. Les éditions Au Diable Vauvert viennent de rééditer presque tout John King, sauf La Meute qui est toujours épuisé à ce jour. Arpentez les bouquinistes, lisez-le en anglais ou adressez quelques prières à Santa Maradona pour qu’une nouvelle édition paraisse bientôt.
Mais en attendant je vous invite à dévorer les autres ouvrages de John King!
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