Je découvrais Olga Tokarczuk par Les Pérégrins, merveilleusement traduit par Grazyna Erhard, et tombais éperdument amoureuse de sa plume.
En une myriade de textes courts, Les Pérégrins composent un panorama coloré du nomadisme moderne. Un carnet de voyages baroque, tressé de foultitude de notes, récits et correspondances qui vous emportent loin en vous-même et au travers du Monde. Jamais ostentatoire, toujours instruite, Olga dresse une ode au voyage avec un V majuscule et une poésie ultime. Je continuais ma lecture d’Olga par Sur les ossements des morts et tombais définitivement amoureuse de sa plume. Un roman superbe et engagé, où le règne animal laisse libre cours à sa colère. Un roman fantastique, un polar, une légende ? Je ne saurai classer ce livre et ce n’est pas important tant la trame, la plume et l’univers créé par Olga sont prodigieux. Sur les ossements des morts est un conte fabuleux, transcendant et émouvant. Tantôt sombre et poignant, il passe par des luminosités captivantes et foudroyantes ! Car voilà la force d’Olga; elle crée des univers qui touchent au mystique, à la fantasmagorie, tout en restant d’un réalisme saisissant !
Le Banquet des Empouses
Le nouveau roman d‘Olga Tokarczuk ne déroge pas à cette règle anagogique. En septembre 1912, lorsqu’il arrive au sanatorium de Görbersdorf, dans les montagnes de Basse-Silésie, le jeune Wojnicz espère que le traitement et l’air pur le guériront de sa tuberculose. A la Pension pour Messieurs, il intègre la société exclusivement masculine d’une demi-douzaine de patients qui, jour après jour, discutent de la marche du monde et, surtout, de la « question de la femme ». En arrière-plan de ce symposium des misogynies, voici que s’élève la voix d’une entité féminine, omniprésente et omnisciente… Hypersensible, malmené par un père autoritaire, Wojnicz s’efforce d’étouffer son ambiguïté, de dissimuler aux autres ce qu’il redoute encore de devenir. Alors qu’il est question de meurtres rituels et de sorcières ayant trouvé refuge dans la forêt, notre héros va marcher au-devant de force obscures dont il ne sait pas qu’elles s’intéressent déjà à lui.
Vous voilà plongé parmi les Empouses, démons femelles de la mythologie grecque; créatures fantastique à une jambe d’âne et une de bronze. Visibles sous forme de chiennes, de vaches ou de belles femmes, c’est sous cette dernière forme qu’elles séduisent les hommes et leur sucent leurs forces jusqu’à ce qu’ils meuren. Vous voici plongé dans des paysages incroyables de la Silésie polonaise, riche et sauvage, luxuriante et dangereuse. Vous voilà immergé dans un roman incroyable qui lutte entre sciences et superstitions, masculin et féminin, entre ordre et chaos.
Encore une fois, l’autrice signe un roman qui mélange classique et fantastique, rivant le lecteur à ses pages dans un tourbillon d’émotions, de parfums et de magie des mots!
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