S’il est un auteur de roman noir qui sort du lot depuis quelques années, c’est bien Benjamin Whitmer.
Natif du Colorado, il est de cette nouvelle génération rurale d’auteurs américains ne s’embêtant pas vraiment de la bienséance et du style. Il frappe là où ça fait mal, toujours juste et toujours avec cette ironie mordante envers les institutions que peuvent avoir les habitants de ces régions reculées.
Sa prose est d’une poésie noire comme on en lit rarement.
Découvert chez nous grâce à la collection Americana de chez Gallmeister dont il fut le premier auteur de leur collection Neo Noire.
Son premier roman, Pike, faisait office d’original dans le paysage noir actuel tant ses personnages dénués de bonté au premier abord flottaient dans un univers crasseux et dangereux, teinté par-ci par-là de touches lumineuses.
Il nous revient cette rentrée avec un nouveau roman et la mise en poche de son deuxième titre :
Cry father :
Patterson vivote de chantiers en zones sinistrées, de catastrophes en saccages pour déblayer les routes d’Amérique. Il n’a pas bu une goutte d’eau depuis son divorce et noie le deuil de la perte de son fils dans un marasme et un cynisme perpétuel.
Junior deal de la drogue entre la frontière Mexicaine et Américaine et n’attend que la prochaine bagarre de bar, la prochaine bière, la prochaine fille.
Leur chemin se croiseront et, ensemble, ils tenteront de surmonter leur tristesse et d’affronter la rudesse du monde qui les entoure, car comme le dit l’un des personnages : Nous sommes tous la somme de nos pertes.
Si Pike avait été écrit pour sa fille, Benjamin Whitmer avouera avoir écrit Cry Father pour son fils comme un exutoire à toute son incompétence paternelle. Trouvant probablement plus simple d’écrire un nouveau roman que de parler avec sa progéniture les yeux dans les yeux, il nous livre ici un roman poignant, sombre, violent, mais néanmoins drôle et non dénué d’optimisme.
Evasion :
1968, le soir du réveillon.
Douze prisonniers s’évadent de la prison d’Old Lonesome, près d’une petite ville du Colorado.
Une spirale de violence se déchaîne alors dans la région entre les habitants souhaitant les arrêter, les tuer ou encore les éviter.
Plus nébuleux que ses autres romans, Evasion est également plus violent. Délaissant les histoires ciblées sur quelques personnages resserrés, Benjamin Whitmer nous offre un vrai roman choral naviguant entre cinq points de vue principaux situés de tous bords de la morale et la légalité.
Préfacé par Pierre Lemaitre, ce livre est l’un des seul roman noir de cette rentrée, profitons-en !
Extrait : Il n’est pas nécessaire d’être particulièrement malheureux pour se tirer une balle, voilà ce qu’elle m’a dit. Une vie ordinaire, c’est largement assez.
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