Un défi d’écriture
Auteur d’une trentaine de romans et scénariste pour le cinéma, Michael McDowell se lance un défi: de janvier à juin 1983, il décide de publier chaque mois un épisode d’une fresque familiale étalée sur plusieurs générations : Blackwater, une grande œuvre en six livres!
Encore inédit en français, se sont les excellentes Éditions Monsieur Toussaint Louverture qui se posent à leur tour un défi: publier les six ouvrages à raison d’un volume tous les quinze jours, au format poche. Pourquoi le poche, alors que sous nos latitudes le grand format lui est préféré pour les 1eres parutions? Pour être au plus proche des intentions de l’auteur. Exercice réussi puisque le dernier tome de la saga pointe le bout de son nez demain!
Bienvenue à Perdido !
Venez découvrir ce coin tranquille de l’Alabama aux rues cossues, gouverné par de riches familles, et qui doit tout à ses rivières. Des rivières généreuses, mais aussi dangereuses, qui donnent et qui prennent. Voyez-les bouillonner au pied des maisons, entendez leur écho dans le bourdonnement des scieries, sentez-les perturber le cours paresseux de la vie et laissez-vous emporté par l’Épique saga de la famille Caskey!
De 1919 à 1969, Blackwater raconte cinquante année d’existence d’une famille tout sauf ordinaire d’une petite ville du Sud des États-Unis. En six tomes, Michael McDowell nous offre une œuvre à l’atmosphère unique et addictive, sur les liens familiaux, les rapports de domination sur fond de Grande Dépression, de Seconde Guerre Mondiale, de lutte pour les droits civiques, où les figures féminines mènent la danse et où les rebondissements sont légion.
Romans fantastiques? Récits d’horreur? Littérature romanesque? Blackwater n’est pas et est tout cela à la fois! Si cette passionnante saga possède en son cœur un personnage extraordinaire, dans le sens de merveilleux, et que certaines scènes sont clairement horrifiques, c’est avant tout une grande fresque familiale, osons même matriarcale! Blackwater est la parfaite définition du roman épique digne d’une grande épopée!
Le génie de McDowell est de parvenir à créer des tomes autonomes avec leur propre sujet mais qui s’imbriquent dans un arc narratif unique. Si vous avez commencez par le tome 3, ne paniquez pas mais revenez doucement au début de l’aventure pour pouvoir embrasser l’œuvre dans son unité. L’éditeur souligne merveilleusement bien ce processus d’écriture en proposant des couvertures uniques, œuvres de Pedro Oyarbide, pour chaque tome mais toutes issues d’une unité graphique efficace.
La crue
Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l’Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l’implacable crue de la rivière Blackwater. Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s’apprêtent à se relever… mais c’est sans compter l’arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d’une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.
La digue
Tandis que la ville se remet à peine d’une crue dévastatrice, le chantier d’une digue censée la protéger charrie son lot de conséquences : main d’oeuvre incontrôlable, courants capricieux, disparitions inquiétantes. Pendant ce temps, dans le clan Caskey, Mary-Love, la matriarche, voit ses machinations se heurter à celles d’Elinor, son étrange belle-fille, mais la lutte ne fait que commencer. Manigances, alliances contre-nature, sacrifices, tout est permis. A Perdido, les mutations seront profondes, et les conséquences, irréversibles.
La maison
1928 à Perdido. Alors que le clan Caskey se déchire dans la guerre intestine et sans merci que se livrent Mary-Love et sa belle-fille, et tandis que d’autres crises – conjugales, économiques, existentielles – aux répercussions défiant l’imagination se profilent, dans les recoins sombres de la maison d’Elinor, la plus grande de la ville, les mauvais souvenirs rôdent et tissent, implacables, leurs toiles mortelles.
La guerre
La guerre est finie, vive la guerre ! Une nouvelle ère s’ouvre pour le clan Caskey : les années d’acharnement d’Elinor vont enfin porter leurs fruits ; les ennemies d’hier sont sur le point de devenir les amies de demain ; et des changements surgissent d’où personne ne les attendait. Le conflit en Europe a fait affluer du sang neuf jusqu’à Perdido. Désormais les hommes vont et viennent comme des marionnettes sur la propriété des Caskey, sans se douter que, peut-être, leur vie ne tient qu’à un fil.
La fortune
Tel un organisme vivant, le clan Caskey se développe et se transforme. Certains font face à la mort, d’autres accueillent la vie. Entre rapprochements inattendus, haines sourdes et séparations inévitables, les relations évoluent. Miriam, désormais à la tête de la scierie et noyau dur de la famille, ne cesse de faire croître la richesse. Suite à une découverte surprenante et miraculeuse – sauf pour une personne -, c’est bientôt la ville entière qui va prospérer. Mais cette soudaine fortune suffira-t-elle, alors que la nature commence à réclamer son dû ?
La pluie
Si le clan Caskey accuse le poids des ans, il est loin de s’être assagi : révélations écrasantes, unions insolites et réceptions fastueuses rythment leur vie dans une insouciance bienheureuse. Mais quelque chose surplombe Perdido, ses habitants et ses rivières. Le temps des prophéties est enfin venu.
L’écriture de McDowell est à la fois puissante et fluide. Ces romans sont ultra-visuels et deviennent des tableaux vivants. C’est toujours fort, complexe mais il parvient à polir le tout et ne détourne jamais l’attention du lecteur de son immersion. Je laisse d’ailleur l’auteur lui-même parler de son style:
« Je suis un écrivain commercial et j’en suis fier. J’aime être publié en livre de poche. Et je suis un artisan. Je suis très impliqué dans cette notion d’artisanat, dans le fait d’améliorer mon écriture, de la rendre claire, concise et de dire exactement ce que je veux dire, exactement ce que je pense, d’améliorer ma plume et de faire de mon mieux dans le genre dans lequel j’écris. J’écris des choses qui seront mises en vente dans une librairie le mois prochain. Je pense que c’est une erreur d’essayer d’écrire pour la postérité. J’écris pour que des gens puissent lire mes livres avec plaisir, qu’ils aient envie d’attraper un de mes romans, qu’ils passent un bon moment sans avoir à lutter. »
Laisser un commentaire