Fille
Le dernier Camille Laurens
La petite danseuse de quatorze ans , celle que vous croyez …, Camille Laurens a déjà démontré son talent et son goût pour les histoires encrées dans le quotidien poisseux de monsieur et madame tout le monde. Ces personnages pourraient tout aussi bien être nos voisins ou les membres de notre famille. Cette proximité peut déranger mais elle nous happe, nous tient en otage jusqu’à la dernière page.
Dans Fille, l’autrice se fond dans une famille française des années 60. La sienne. Car Camille se prénomme en réalité Laurence. La famille qui compte déjà une fille s’agrandit avec la naissance d’une cadette. L’arrivée d’une fille n’est pas un bouleversement. C’est un garçon que les pères attendent et espèrent. Et même si son père est content Laurence sent qu’elle ne sera jamais à la hauteur.
A propos de filles, il y a une chose bizarre. Tu es une fille, c’est entendu. Mais tu es aussi la fille de ton père. Et la fille de ta mère. Ton sexe et ton lien de parenté ne sont pas distincts. Tu n’as et tu n’auras jamais que ce mot pour dire ton être et ton ascendance, ta dépendance et ton identité. La fille est l’éternelle affiliée, la fille ne sort jamais de la famille. Le Dr Galiot, au contraire, a eu un garçon et il a eu un fils. Tu n’as qu’une entrée dans le dictionnaire, lui en a deux.
Une réflexion sur l’éducation imposée aux jeunes filles dès le plus jeune âge, sur la place des femmes et le silence qui les étouffe. Un roman sur le genre et le déterminisme de la naissance à l’âge adulte. Un combat ou un renoncement ?
Térébenthine
Carole Fives
Première année aux beaux arts, notre narratrice est pleine d’espoir. Elle va enfin pouvoir passer son temps à peindre. Mais la peinture n’est plus un art au goût du jour. Moqués par les autres artistes en herbe de l’école, ses deux amis se font appelés les Térébenthines. Et cette odeur forte leur collera à la peau.
Premiers examens et elle déchante. Les professeurs attendent de la modernité. Photographies, performances, œuvres chocs … notre narratrice devra céder aux nouvelles normes de l’art pour continuer, en secret, à peindre.
Et toi, qu’as-tu envie de peindre? Qu’as-tu envie de raconter? Tu ne sais par où commencer, tu as dix-huit ans et les sujets se bousculent : le désir, le corps, la souffrance d’être née femme dans un monde bâti pour les hommes, où les femmes, que ce soit dans les arts plastiques ou le cinéma, la littérature ou la musique, se perçoivent encore et toujours comme des objets du désir, jamais des sujets. L’urgence de devenir sujet.
Carole Fives nous livre une double réflexion sur les nouvelles formes de l’art et sur la place des femmes dans ce microcosme historiquement réservé aux hommes. Un roman sans fioriture, succin et direct qui s’attaque aux limites de l’art et aux dérives de l’industrie qui se cache derrière la beauté des œuvres.
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