Ce que j’aime le plus dans les livres? Ils sont capables de vous emporter dans des sujets qui n’ont, a priori, rien de passionnant! Parce que franchement, la vie quotidienne d’un cabinet d’assurances-vie, fût-il au Japon, ça n’est pas des plus séduisant! Et pourtant… J’ai dévoré La Maison noire en une journée! Alors, oui… Peut-être parce qu’il a été écrit par Yûsuke Kishi et que le bonhomme sait très bien distiller la noirceur, la peur et qu’il maitrise les rebondissements à merveille! Je vous parlais avec beaucoup d’enthousiasme de sa Leçon du mal et bien me revoici pour La Maison noire!
Dans le cabinet d’assurances où il travaille, Shinji Wakatsuki fait figure d’employé modèle. Méticuleux, rigoureux, il traque sans relâche les incohérences dans les avis de décès. Car Wakatsuki le sait : nombre d’assurés sont prêts à faire de fausses déclarations pour obtenir un dédommagement. Jusqu’au jour où un certain Komoda le sollicite pour un constat dans sa maison. Sur place, le choc. Le corps d’un enfant de douze ans se balance au bout d’une corde. Suicide ? L’instinct de Wakatsuki lui dicte qu’il s’est passé autre chose dans cette demeure lugubre où flotte l’odeur de la mort.
Une plongée horrifique dans les méandres de la psyché humaine, avec en arrière-plan une vision acide de la société japonaise. Parce que vous allez comprendre que le système des assurances-vie nippon n’a rien à voir avec le notre. Là-bas on assure même ses enfants! On cumule les contrats et cela devient un pari, une épargne sur la vie quotidienne de bon nombre de petites gens. Quitte à sacrifier un doigt, ou un conjoint…
Le travail de Wakatsuki est méthodique et consciencieux mais il recèle une folie, de l’impensable; il doit repérer les arnaques à l’assurance-vie, trouver les failles entre suicides et meurtres, accident de travail ou blessures volontaires alors que devant lui se dressent des êtres humains qui comptent sur ce pécule pour continuer de vivre après un drame! Entre policiers peu consciencieux, hôpitaux fantômes gérés par les yakuza et désespoir sincère des familles, l’appât du gain consume à petit feu les valeurs morales de la société japonaise!
Yûsuke Kishi vous invite à entrer dans la Maison noire, lugubre et puante, crasse et délabrée, tout y est malsain et anxiogène… Si ce roman n’a pas tout le brio de La leçon du mal, l’auteur parvient à vous tenir en haleine et vous glacer le sang dans un thriller brutal. Vous déduisez assez rapidement qui de quoi mais la scène finale est si gore, si visuelle, si assumée qu’il serait dommage de passer à côté!
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