J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond. Une vie de John Muir
Inventeur génial dès son plus jeune âge, amoureux de la nature, grand marcheur, il sillonna le monde à pied et fut le premier à percevoir les dangers de l’exploitation de la nature. John Muir aurait pu être millionnaire, il a choisi d’être vagabond. Il a inspiré Alexis Jenni.
Né en Écosse, débarqué à dix ans aux Etats-Unis dans la région des Grands Lacs, il travaille sans relâche dans la ferme familiale, mais lève parfois la tête pour s’émerveiller de la nature environnante. Le soir, il invente des machines qu’il présente en ville, dont ce réveil qui le sort automatiquement du lit à l’heure du lever. Très vite, John Muir rejette cette existence de forçat et décide de vivre en autonomie dans la nature. Il quitte le Wisconsin et sillonne le pays à pied jusqu’en Floride, puis rejoint la Californie. Dès lors, il ne cessera de parcourir le monde. Figure mythique aux Etats-Unis, John Muir s’interrogea sur le sens de la vie dans la nouvelle société industrielle et industrieuse et y répondit tout simplement par son mode de vie.
John Muir est un personnage qui m’intrigue, m’attire depuis très longtemps. Ce que je savais de lui avant de dévorer cette biographie, c’est qu’il est un des tout premier écologiste. Hé bien figurez vous que son CV ne s’arrête pas là et si vous voulez résumer John Muir à un fait marquant : il est juste le fondateur du parc Yosemite… Ça pause le Monsieur non ?
Je n’avais lu de lui qu’un seul ouvrage : Un été dans la Sierra. Il y raconte une saison de 1869 où il est engagé pour conduire des moutons en transhumance vers la Yosemite Valley. John Muir note tout ce qu’il voit, vagabonde, bavarde avec les bergers, s’enivre de la vie au grand air, de la liberté merveilleuse des campements, le soir. Et plus il monte, plus la nature devient sauvage, plus il est envahi, bouleversé par la beauté du monde. Un été dans la Sierra a un ton, un rythme proprement unique, le charme inimitable des premières fois : cette découverte qu’il nous fait partager, d’une splendeur où tout, plantes, animaux, paysages, semble vouloir concourir à la même exultation.
Ce livre, devenu aux Etats-Unis un classique, devait faire de John Muir une légende.
Si la plume de Muir est pure poésie dans ce petit ouvrage, ses autres écrits ont été traduit à la mode d’autrefois et les transcripteurs se sont attaché, voir acharné à leurs donner un style tellement littéraire que je ne parviens pas à entrer dans ses histoires… C’est là que je remercie Alexis Jenni. Il nous propose une biographie comme un conte et met en lumière la tendresse, la passion et l’extrême émerveillement de Muir. Les éditions Paulsen publiaient cette merveilleuse biographie en 2020, à l’automne 2022 elles viennent tout juste de le sortir en poche! Et pour souligner le succès de ce splendide portrait, elles l’adaptent en BD sous les crayons de Clément Baloup!
On suit l’enfance de John Muir, les détails qui vont contribuer à faire de lui ce personnage singulier, sa découverte et son amour de la nature, de la foret, des plantes et du Voyage avec un V majuscule. On part de l’Écosse de 1850 pour les États-Unis où sa famille acquière une ferme dans le Wisconsin. C’est le rêve américain, et pour le lecteur : un retour à l’essentiel, à la beauté du monde. C’est merveilleux !
Théodore Roosevelt disait de Muir qu’il est l’homme le plus libre qu’il n’ai jamais rencontré. Et bien l’on ressent cela à chaque page, à chaque souvenir conté. Une simplicité et un amour de la vie qui nous éblouit. On touche parfois à une forme de communion et c’est grandiose.
J’ai rêvé durant toute la lecture. Rêvé de ces paysages encore purs, de cette vie simple et florissante. Rêvé de m’abriter dans le tronc d’un sequoia géant, d’y passer une nuit pour, au petit matin me nourrir de baies et autres cadeaux que la Terre nous octroie.
J’ai tant rêve que j’ai préparé un petit sac à dos, troqué mes talons pour des basquettes et, le livre sous le bras, j’ai pris la route. Je voulais faire durer le rêve et finir ma lecture au plus près des sensations de Muir. J’ai posé mon bagage à Prarion, non sans avoir d’abord bravé les pentes d’Isérables… Et je vous promet que les pentes sont pentues…
C’est à Prarion, et dans le domaine de Balavaud, que l’on trouve les plus grands Mélèzes d’Europe.
Certains sont si larges qu’il faut être sept pour en faire le tour…
Certains sont si vieux qu’ils observent le monde depuis 800ans…
Éblouie, bouleversée, émerveillée par cette beauté, j’ai lu les dernières page de la vie de Muir dans le silence de la montagne et j’ai versé quelques larmes d’émotion.
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