A l’occasion de la ressortie en poche de La griffe du chien et de la sortie en poche de sa suite Cartel, penchons-nous un peu sur ces deux monuments du thriller que nous offre l’auteur aujourd’hui basé à San Diego, dernière grande ville avant la frontière mexicaine.
La griffe du chien
Etalé sur vingt ans, nous suivons le parcours croisé d’Art Keller, agent de la DEA, du début de son ascension jusqu’à ce qu’il devienne le seigneur de la frontière américano-mexicaine et celui d’Adán Barrera, patron de l’un des plus gros cartels de drogue dans le nord du Mexique.
Le récit s’attarde également sur différents protagonistes annexes, tel un prêtre mexicain, un tueur irlandais, une prostituée mexicaine ou encore les simples consommateurs.
Sorti il y a dix ans, l’auteur en a mis quasiment autant pour l’écrire et c’est une vrai bombe littéraire qui avait atterri dans nos contrées en 2005.
Suspens, sens de la narration, descriptions précises et jamais lourdes, portrait au vitriole d’une Amérique incapable d’endiguer ce trafic, mais bien contente d’encaisser les revenus, La griffe du chien est LE roman sur le trafic de drogue qu’il faut avoir lu.
Extrait : Le ministre de la justice des Etats-Unis en personne a annoncé au Congrès…
-J’ai lu le discours.
-… Que le problème mexicain de la drogue était tout simplement réglé. Essaieriez-vous de faire passer notre ministre pour un con ?
-Je crois qu’il peut très bien se débrouiller tout seul.
Alors lorsque dix ans plus tard, une suite est annoncée, on ne pouvait que s’impatienter.
Cartel
Vingt ans après le début des évènements de La griffe du chien, Art Keller vit reclus dans un monastère et pratique l’apiculture pour tenter d’oublie son ancienne vie.
Deux agents de la DEA viennent le tirer de sa solitude : Adán Barrera vient de s’échapper de prison, bien déterminé à remonter son cartel.
Seulement, les règles ont changées, le marché est désormais contrôlé par plusieurs sous groupes dont les Zetas, équipe paramilitaire ultra-violente.
Les alliances se font et se défont encore plus rapidement et souvent que dans le premier volume et c’est avec toujours autant de génie que cette suite nous est narrée.
Ellroy l’a lui-même reconnu, Cartel est le Guerre et Paix du roman sur la drogue.
Il avait sacrément raison.
Extrait : Tu crois vraiment que quelqu’un prend au sérieux cette prétendue guerre contre la drogue ? Les gens sérieux ne peuvent pas se permettre de prendre ça au sérieux. Surtout pas après 2008. Après le krach, alors que la seule source de liquidités était l’argent de la drogue. S’ils nous avaient obligés à mettre la clé sous la porte, l’économie aurait définitivement plongé.
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