Euphorie par Elin CULLHED
Quitter Londres pour la campagne
Couple mythique des lettres anglo-saxonnes, Sylvia Plath et Ted Hughes sont les protagonistes de ce roman captivant.
Au commencement, peu après avoir donné naissance à Frieda, la jeune maman Sylvia connait un épisode dépressif sévère.
En conséquence, les jeunes parents décident de quitter Londres pour la campagne.
Prendre du recul pour mieux se consacrer à leur art, en somme.
Nicolas vient au monde à domicile
Ensuite arrive leur fils Nicolas.
Elin Cullhed n’a pas son pareil pour décrire l’accouchement du point de vue de Sylvia Plath.
Un chapitre inoubliable d’une grande maîtrise. (On salue au passage l’impeccable traduction d’Anna Gibson.)
Elin Cullhed, née en 1983, vit avec sa famille à Uppsala. Lorsqu’elle s’est retrouvée dans une situation similaire à celle de Sylvia Plath – mère de jeunes enfants, épouse d’un auteur, luttant pour trouver du temps pour elle et son propre travail – son roman Euphorie est paru, pour lequel elle a reçu le prix littéraire le plus important de Suède, l’Augustpris en 2021.
Une fêlure nommée Devil
Peu à peu, les troubles mentaux de la maîtresse de maison réapparaissent.
Insidieusement, les démons de la paranoïa et de la jalousie consument la mère des deux bambins.
Toutefois, l’impérieux désir de laisser une oeuvre ne connaîtra aucun obstacle.
– Je dois monter écrire, je te laisse ranger la cuisine, les tenues de baptême sont à côté du lit, n’oublie pas de brosser les cheveux de Frieda.
Un profond silence a résonné dans la pièce après ces paroles. Ted mâchonnait son petit déjeuner comme du fourrage et je savais que j’avais déjà loupé les heures les plus importantes de la matinée, celles pour lesquelles nous nous battions toujours – lui pour aller pêcher, moi pour écrire – mais là, je ne pouvais plus prendre en charge les états d’âme de Ted. Je devais m’en aller, point barre. M’en aller, avec le sentiment fou d’avoir dérobé paix et normalité à ma famille à cause de cette pulsion en moi : partir en fumée, m’évaporer dans les airs, quitter le sol, devenir esprit et texte et ne plus être Mère.
C’est la faute à Papa
Sylvia a perdu son père à l’âge de huit ans.
C’est pourquoi elle lui reproche de l’avoir abandonnée, même lorsqu’elle en a trente.
Finalement, on a beau connaitre le destin tragique de Sylvia Plath, le récit qui en est fait dans ce roman déchirant nous ébranle durablement.
Âmes sensibles, s’abstenir.
Laisser un commentaire