Raconte moi ton animal fétiches!
Bestial, une collection fondée par Isabelle Sorente et Clara Dupont-Monod où une autrice, ou un auteur, prend la plume pour nous conter sa relation particulière avec son animal. Domestique ou non, quelle relation les lie et qu’en retirent-ils de gratifiants, de nourrissant ?
Conter les moutons
Le tout premier ouvrage est signé Marc Dugain et il y conte les moutons. Si je ne suis pas cet auteur avec assiduité (j’ai pourtant dévoré L’homme nu et Transparence) j’éprouve un amour sincère pour les ovins. Vraiment, depuis toute petite, certainement parce que mes parents gardaient des moutons peu avant ma naissance. Dans son ouvrage Marc Dugain adopte leur regard pour écrire son autoportrait. Ce point de vue l’oblige à ne rien s’épargner, ni la férocité, ni la mise à nu et en ressort un manifeste joyeux, cruel pour l’humain, amusant, audacieux et d’une tendresse folle pour cet animal qu’on a tendance à mépriser. Qui de nous ou d’eux sont réellement les moutons ?
Maman à moi
Le deuxième opus est confié à Valérie Bonneton qui nous parle de Gaston, un bichon maltais. Je n’ai personnellement pas une grande affinité avec les chiens, et encore moins avec les petits chienchiens… Je ne les déteste pas, ils m’indiffèrent. Qu’allais-je donc faire dans ce bouquin ? Le livre de Marc m’a tellement réjouis que j’ai pris le risque. Grand bien m’en a pris ! Valérie nous livre un texte adorable, touchant, tout en pudeur et en émotion ! Elle s’appelle Valérie, elle est actrice en attente d’un vrai rôle, mère célibataire de deux enfants, dont l’un est en rémission d’une maladie grave. Gaston est un bichon maltais petit, poilu et blanc. Mais il se voit comme un animal puissant. Sa mission : rendre heureuse Maman, sa maîtresse. Gaston escorte Maman, il est son gardien, son réconfort, sa planche de salut. Une présence de chaque instant, un soutien indéfectible, un vaillant soldat au service d’un grand amour.
Devenir Lionne
Si je n’ai pas d’affinité particulière avec les bichons, les lions sont juste derrière… Mais ce livre est de Wendy Delorme et pour le coup, l’autrice a toute mon attention ! Elle signe un manifeste féministe de toute beauté mêlant enquête animalière, réflexions sociologiques et récit intime. Lionne : nom échappant au bestiaire féminin, contrairement à poulette, morue, gazelle ou thon. La lionne est bien plus que la femelle du lion. Elle définit une créature noble, chasseresse, autonome, capable de sororité, de ruse, et même d’assassiner un mâle vieillissant. Lionne : source d’inspiration pour celle qui aura appris à rugir, à défaire ses cages mentales.
Assise, debout, couchée !
Le dernier-né de la collection parle à nouveau de chien, mais il est signé Ovidie et j’aime profondément la plume d’Ovidie ! En fait, il ne parle pas seulement de chien, mais aussi des chiennes ! L’animal accompagne l’autrice depuis l’enfance ; protecteurs, membres de la famille, thérapeutes, ils l’escortent. Ils sont des marqueurs biographiques, indissociables des moments importants de son existence. Elle questionne la place unique des chiens dans la vie des femmes. Car les chiens ne sont pas seulement les meilleurs amis de l’homme. Derniers remparts contre les agressions, enfants de substitution, ils ont passé avec les femmes une alliance mystérieuse pour survivre à la violence. Ovidie raconte ce lien, d’une plume précise, drôle et bouleversante et nous donne un conseil important : « Prends le chien avec toi ! »
Pour continuer la série
Taous Merakchi cherche Taous, le paon, dans la mythologie grecque, dans la religion yézidie, dans l’hindouisme, nous entraînant au cœur des légendes, partout où se trouve cet oiseau fascinant dont l’apparence contraste tant avec le cri. Ainsi un portrait du paon se dessine peu à peu, la fois mystique et ringard, banal et exceptionnel, majestueux et criard, autant d’ambivalences qui renvoient Taous, l’autrice, à ses propres contradictions et à son identité de femme d’origine kabyle, qu’elle a commencé par cacher sous le pseudonyme de Jack Parker.
Voyage à travers les mythes, déclaration d’amour aux origines, ce récit est celui d’une identité retrouvée.
Lors de l’habituelle promenade dominicale, une jeune fille fausse compagnie à ses parents et ses sœurs pour s’enfoncer dans la forêt. Happée par la pénombre, incapable de retrouver son chemin, la voici seule. Des souvenirs ressurgissent, aussi angoissants que la peur de se perdre. Jusqu’au moment où la jeune fille rencontre un renard avec lequel elle tente de communiquer. C’est un rituel de passage que raconte Pauline Harmange dans ce conte moderne, saisissant magnifiquement la fin de l’enfance et le début de l’âge adulte. La maturité ne viendra pas ici du monde humain, mais d’une rencontre avec un animal aussi intelligent qu’énigmatique.
Fascinée par un animal dont la lenteur défie notre époque, Lauren Bastide part sur ses traces. Elle laisse l’escargot questionner nos vies trop rapides, notre monde en ébullition. Car le gastéropode, vieux de 600 millions d’années, a des choses à nous apprendre… Dans ce journal d’écriture poétique et étincelant, il devient le guide d’un voyage dans la mémoire, symbole de résilience et de guérison des traumatismes. Ne dit-on pas de l’escargot qu’il a le pouvoir de glisser sans blessure sur le tranchant d’une lame ?
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