Un nouvel arrivant dans votre pile à lire.
S’il n’en est pas à son premier roman, c’est bien avec son tout dernier livre que j’ai découvert Julien Dufresne-Lamy.
Cet auteur français de 32 ans débarque avec Jolis jolis monstres sur les tables des nouveautés de la rentrée littéraire. Discrets dans les médias et pourtant flamboyants, les romans de l’auteur mériteraient leur place sur votre table de chevet.
Son premier livre Dans ma tête je m’appelle Alice a été publié en 2012 et depuis il régale aussi bien les petits que les grands, écrivant tour à tour pour la jeunesse et les adultes.
Jolis Jolis Monstres
Le petit dernier
Bienvenue chez les monstres.
Des créatures aux jambes interminables, aux chevelures flamboyantes, aux talons vertigineux… Ces dames qui, une fois leur apparats laissés en loge, redeviennent des hommes.
Julien Dufresne-Lamy nous plonge dans l’univers des drag queens. Ces reines qui performent dans les arts de la scène. Danse, humour, playback, couture, maquillage… Elles animent les nuits américaines depuis les années 80 et connaissent leur âge d’or dans les années 90. Elles évoluent dans un monde passionant, rapide et en dehors des conventions. Trop peu souvent mises en avant sur la scène littéraire.
Tu me poses de nombreuses questions. Ma vie dans les années 80. mes cabarets. mes copains emperruqués. Sois patient. Nous sommes un secret enfermé dans une boîte qu’il ne faut surtout pas ouvrir.
Dans mon étui fermé à clé, je vis quinze ans et ces années passeront comme un courant d’air. tous les dimanches soirs, mes talons baraquette et moi prenons la scène du Pyramid Club
On retrouve des personnalités bien connues dans le milieu : Ru Paul, Xtravagenza, les grandes familles sont toutes là. Car il s’agit bien de famille de substitution pour ces personnes trop souvent reniées par leurs proches.
Jolis jolis monstres est un vibrant hommage à ce monde. Les chapitres se succèdent et nous entraînent dans un tourbillon. Une lecture à 100 à l’heure à l’image du quotidien des drag queens.
Le chef d’oeuvre de Julien Dufresne-Lamy
Les indifférents
Une nouvelle vie frappe Justine par surprise. Du jour au lendemain, sa mère lui demande de faire ses valises. Toutes deux quittent l’Alsace et le père de Justine pour s’installer chez Paul Castillon, un riche industriel qui vit dans une villa somptueuse sur le bassin d’Arcachon.
Engagée par cet homme qu’elle a connu en vacances des années auparavant, la mère de Justine veut oublier l’homme qu’elle n’aime plus et retrouver ce coin de paradis qu’elle avait connu adolescente.
Par bribes de souvenirs, on passe de l’après à l’avant, des 17 ans de Justine à ceux de sa mère. Un décor de carte postale, un monde clos où vibre une tension parfaitement retranscrite par l’auteur.
Un réel coup de cœur pour ce roman haletant à l’apparence insouciante qui cache des blessures maladives et des violences sourdes.
Amère, la lecture se fait d’une traite tant l’on ne peut rester indifférent aux secrets des indifférents
Les adolescents sont des adultes en puissance. Incontrôlables et morts de faim.
En bande, ils sont plus forts. Ils cambriolent, font crisser les pneus des bagnoles.
Ils se brisent les cœurs et les mains. Mais ils ont le droit. Ils vivent à l’âge transitoire. Leurs pulsions sont animales. Ils sont à part, incapables d’extraction. Le monde est à eux aussi loin qu’on regarde.
On les laissera faire. On les laissera jouer et tuer. L’adolescence est un passage obligé. Une espèce de souveraineté.
C’est la sombre période de l’indifférence.
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