Un des penseurs majeurs de notre XXème siècle
Essayiste, poète, écrivain ou encore journaliste, ses écrits sont souvent autobiographiques et, toujours, ils dépassent les frontières raciales, celles des genres et de la politique. Comme le dit la maman d’Alexandra : toute bonne bibliothèque se doit d’avoir du Baldwin (il faut toujours écouter les Mamans)
Je vous parlais il y a peu de Toni Morrison et vous renvoie à elle ainsi qu’à James Bladwin pour pouvoir embrasser la complexité du mouvement Black Lives Matter.
Vous pouvez également plonger dans les livres de Jesmyn Ward, qu’on hésite pas à décrire comme héritière de Toni et de Baldwin.
Ce qui est flagrant à la lecture de ces trois plumes c’est qu’ils écrivaient à des époques très différentes: Baldwin dépeint le monde des années 1950, Morrison encre ses récits près de cinquante ans plus tard et Ward est une autrice des années 2000. Et pourtant à travers leurs livres on constate que rien n’a vraiment changé sur la cause Noire…
Lire James Bladwin est quelque chose de particulier, de profond et de violent. Sa plume est sublime et il y a tant d’émotions dans ses pages que j’ai besoin de mouchoirs à chaque lecture…
Des romans comme des cris
La conversion
Au soir de ses quatorze ans, au milieu des prières cadencées de ses frères, John Grimes traverse un moment essentiel, entre crise spirituelle et épiphanie. Son destin est scellé d’avance selon sa famille : il sera prédicateur. Mais John veut mener sa vie comme il l’entend. Le libre arbitre existe-t-il pour un jeune Noir en Amérique ?
Dans ce premier roman autobiographique, James Baldwin raconte à la fois son expérience et une odyssée collective, celle d’un peuple marqué à jamais par la ségrégation et le racisme, celle d’une famille aux attitudes violemment contrastées.
Ce texte, devenu un classique, est un des premiers livres sur la condition des Noirs.
Un autre pays
Rufus Scott n’en pouvait plus de vivre dans le monde cruel et implacable des Blancs, humilié, abandonné de tous, écrasé par le poids d’une cité inhumaine. Par une nuit froide de novembre, il est allé s’engloutir à jamais dans l’eau glacée du fleuve.
Ce drame est le point de départ d’une oeuvre émouvante, violente et passionnée dont les personnages, à la recherche d’eux-mêmes et du bonheur, tentent désespérément de renverser les barrières de la ségrégation raciale et des conventions bourgeoises. Dans ce livre inoubliable, James Baldwin s’est affirmé une fois de plus comme l’un des porte-parole les plus brillants et les plus éloquents de la minorité noire aux Etats-Unis. Nouvelle édition en 2019, traduction révisée
L’homme qui meurt
Etats-Unis, années 1960. Au sommet de sa carrière, l’acteur noir américain Leo Proudhammer est terrassé par une crise cardiaque. Alors qu’il oscille entre la vie et la mort, il se remémore les choix qui l’ont rendu célèbre mais aussi terriblement vulnérable. De son enfance dans les rues de Harlem à son entrée dans le monde du théâtre, l’existence de Leo est déchirée par le désir et la perte, la honte et la rage : un frère qui disparaît, une liaison avec une femme blanche… Toujours affleure l’angoisse d’être noir dans une société au bord de la guerre raciale.
Dans ce roman tendre et passionné, James Baldwin a créé l’un de ses personnages les plus bouleversants : un homme qui a du mal à devenir lui-même.
Écrit en 1968, L’homme qui meurt est devenu une œuvre majeure de la littérature américaine.
Des essais comme des alarmes
La prochaine fois, le feu
En dépit des bouleversements psychologiques et sociaux qu’il exige, cet ouvrage ne veut que proposer la solution de bon sens au problème de la place des Noirs dans la société américaine. Malgré le ton parfois menaçant, malgré la satire souvent mordante, La prochaine fois, le feu est avant tout un appel à la modération, une ultime tentative de compromis (en 1963) entre les extrémistes des deux bords aveuglés par la passion. Tant par l’actualité des phénomènes dont il présente l’analyse irréfutable que par le mélange de douleur contenue et d’ironie cinglante qui lui donne ce ton si particulier, ce témoignage ne manquera pas d’attirer l’attention du lecteur qui en retiendra les qualités littéraires autant que l’importance politique.
Chroniques d’un enfant du pays
Dans ces essais des années 1940 et 1950, James Baldwin s’interroge sur ce que signifie être noir aux Etats-Unis. Ses réflexions sur la vie à Harlem, la politique, la religion, la presse, la littérature ou le cinéma, écrites dans une prose riche, dense et percutante, sont d’une profonde et vibrante actualité. La force de ce recueil réside dans la virtuosité avec laquelle Baldwin entremêle sa critique d’une société injuste et clivante et le récit très personnel de son expérience et de ses souvenirs. Avec une justesse incomparable et une franchise désarmante, il explore les méandres des relations entre les Noirs et les Blancs et donne à voir une société en prise avec ses contradictions.
Meurtres à Atlanta
Entre 1979 et 1981, vingt-huit enfants, tous âgés entre 7 et 16 ans, tous noirs, tous issus de familles pauvres sont assassinés à Atlanta, Géorgie, dans le Sud profond des Etats-Unis. En juin 1981, un Noir de 23 ans, Wayne Williams, est arrêté pour le meurtre de deux hommes. C’est le suspect idéal. Et c’est lui qui sera jugé, puis condamné à la prison à vie pour le meurtre des vingt-huit enfants, sans aucune preuve tangible.
Quand James Baldwin, qui s’est toujours senti du côté des plus faibles, est invité à écrire un livre sur les meurtres de ces enfants, il accepte. Après une enquête menée sur place, quatre ans après les événements, Baldwin ne conclut ni à la culpabilité de Williams, ni à son innocence. L’essentiel est ailleurs. Le drame d’Atlanta agit en effet à la manière d’un révélateur et montre la limite des conquêtes du mouvement des droits civiques. Baldwin décrit une société déchirée par la haine et la peur, par la hantise raciale. Trente-cinq ans après sa première publication, ce texte n’a rien perdu de sa force ni de sa modernité. Ni, tragiquement, de son actualité.
Un documentaire et un livre, comme une paire de claques
I am not your Negro
Dans ses dernières années, James Baldwin a commencé la rédaction d’un livre sur l’Amérique à partir des portraits de ses trois amis assassinés, figures de la lutte pour les droits civiques : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr.
Partant de ce livre inachevé, Raoul Peck a reconstitué la pensée de Baldwin en s’aidant des notes prises par l’écrivain, ses discours et ses lettres.
Il en a fait un documentaire salué dans le monde entier, sélectionné aux Oscars et remportant le César 2018
Aujourd’hui devenu un livre, formidable introduction à l’oeuvre de James Baldwin.
Un voyage kaléidoscopique qui révèle sa vision tragique, profonde et pleine d’humanité de l’histoire des Noirs aux Etats-Unis et de l’aveuglement de l’Occident.
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