Un des penseurs majeurs de notre XXème siècle
Essayiste, poète, écrivain ou encore journaliste, ses écrits sont souvent autobiographiques et, toujours, ils dépassent les frontières raciales, celles des genres et de la politique. James Arthur Baldwin est né le 2 août 1924 dans le quartier de Harlem, à New York. Passionné par la lecture et doté d’un talent pour l’écriture, il est conscient que la littérature est alors principalement réservée aux Blancs dans une Amérique marquée par la ségrégation et le racisme. Malgré cela, il publie son premier livre, La Conversation, en 1953, grâce au soutien de son mentor, l’écrivain afro-américain Richard Wright.
Les œuvres de Baldwin explorent les non-dits et les tensions liées aux distinctions raciales et sexuelles. Lire Baldwin, c’est ouvrir son cœur et ses yeux, c’est s’ouvrir au monde à travers des romans d’une puissance incroyable ! Lire James Baldwin est une expérience unique, profonde et intense. Sa plume est magnifique et il y a tant d’émotions dans ses écrits que j’ai besoin de mouchoirs à chaque lecture…
Inédits et rééditions
A l’occasion du centenaire, les éditeurs proposent des textes inédits et rééditent certaines œuvres de l’auteur. Petit tour des livres qui m’ont profondément touchée et des incontournables à retrouver en librairie et dans votre PAL!
La croix de la rédemption
À travers essais, discours, nouvelle, discours, conférences et lettres, l’ouvrage laisse transparaître toute la clairvoyance et la puissance de la pensée baldwinienne. En interrogeant et décortiquant l’histoire et la société américaines, James Baldwin nous partage ses réflexions sur, entre autres, la possibilité d’un président afro-américain, l’hypocrisie du fondamentalisme religieux ou encore la manipulation médiatique.
Styliste éminemment poétique, James Baldwin manie la plume avec précision pour nous présenter une Amérique qu’il a connue… mais qui demeure d’actualité. Ses textes n’ont rien perdu de leur acuité, ni de leur modernité – tant et si bien que le lecteur, en refermant le recueil, ne peut s’empêcher de se demander : « Mais qu’aurait donc écrit Baldwin aujourd’hui ? ».
La conversion
Au soir de ses quatorze ans, au milieu des prières cadencées de ses frères, John Grimes traverse un moment essentiel, entre crise spirituelle et épiphanie. Son destin est scellé d’avance selon sa famille : il sera prédicateur. Mais John veut mener sa vie comme il l’entend. Le libre arbitre existe-t-il pour un jeune Noir en Amérique ?
Dans ce premier roman autobiographique, James Baldwin raconte à la fois son expérience et une odyssée collective, celle d’un peuple marqué à jamais par la ségrégation et le racisme, celle d’une famille aux attitudes violemment contrastées.
Ce texte, devenu un classique, est un des premiers livres sur la condition des Noirs.
La chambre de Giovanni
Second ouvrage de l’écrivain, paru pour la première fois en 1956. Le livre, précurseur pour son époque, treize ans avant les émeutes de Stonewall considérées comme la première lutte des personnes LGBTQ+, raconte les frustrations et les sentiments d’un Américain homosexuel vivant à Paris. Dans le Paris de l’après-guerre, David, un jeune Américain, s’éprend de Giovanni tandis que sa fiancée est en Espagne. La sincérité et l’audace avec lesquelles James Baldwin décrit le trouble émotionnel de David, déchiré entre Giovanni et Hella, font de ce livre un classique.
Un récit bouleversant sur la confrontation culturelle, l’identité sexuelle et l’amour.
L’homme qui meurt
Etats-Unis, années 1960. Au sommet de sa carrière, l’acteur noir américain Leo Proudhammer est terrassé par une crise cardiaque. Alors qu’il oscille entre la vie et la mort, il se remémore les choix qui l’ont rendu célèbre mais aussi terriblement vulnérable. De son enfance dans les rues de Harlem à son entrée dans le monde du théâtre, l’existence de Leo est déchirée par le désir et la perte, la honte et la rage : un frère qui disparaît, une liaison avec une femme blanche… Toujours affleure l’angoisse d’être noir dans une société au bord de la guerre raciale. Dans ce roman tendre et passionné, James Baldwin a créé l’un de ses personnages les plus bouleversants : un homme qui a du mal à devenir lui-même.
Chroniques d’un enfant du pays
Dans ces essais des années 1940 et 1950, James Baldwin s’interroge sur ce que signifie être Noir aux Etats-Unis. Ses réflexions sur la vie à Harlem, la politique, la religion, la presse, la littérature ou le cinéma, écrites dans une prose riche, dense et percutante, sont d’une profonde et vibrante actualité.
La force de ce recueil réside dans la virtuosité avec laquelle Baldwin entremêle sa critique d’une société injuste et clivante et le récit très personnel de son expérience et de ses souvenirs. Avec une justesse incomparable et une franchise désarmante, il explore les méandres des relations entre les Noirs et les Blancs et donne à voir une société en prise avec ses contradictions.
La prochaine fois le feu
En dépit des bouleversements psychologiques et sociaux qu’il exige, cet ouvrage ne veut que proposer la solution de bon sens au problème de la place des Noirs dans la société américaine. Malgré le ton parfois menaçant, malgré la satire souvent mordante, La prochaine fois, le feu est avant tout un appel à la modération, une ultime tentative de compromis (en 1963) entre les extrémistes des deux bords aveuglés par la passion. Tant par l’actualité des phénomènes dont il présente l’analyse irréfutable que par le mélange de douleur contenue et d’ironie cinglante qui lui donne ce ton si particulier, ce témoignage ne manquera pas d’attirer l’attention du lecteur qui en retiendra les qualités littéraires autant que l’importance politique. Si je ne devais garder qu’un livre de Baldwin, ce serait celui-là.
Leukerbad 1951 / 2014. Un étranger au village ; Corps noir
Publié en 2023 par les Editions Zoé, ce texte est un morceau de journal intime, une réflexion capitale sur notre racisme inconscient et un outil fabuleux pour y remédier! Eté 1951 : James Baldwin est le premier Noir qui séjourne à Loèche les Bains, dans le Haut-Valais. Les enfants crient « Neger ! » dans les rues, les gens le dévisagent : est-il vraiment américain, cet homme qui ressemble aux indigènes d’Afrique ? Dans « Un étranger au village » , texte virtuose et puissant, Baldwin décrit le racisme primaire de ce village au bout du monde et le fait résonner avec l’humiliation que les Noirs subissent aux Etats-Unis. Eté 2014 : Teju Cole se rend à Leukerbad. Lui n’est pas dévisagé dans la rue, les enfants n’essaient pas de toucher ses cheveux ; mais des émeutes viennent d’éclater dans la ville américaine de Ferguson, après l’assassinat d’un Noir de dix-huit ans par un policier blanc. Dans « Corps noir » , Cole entame un dialogue avec Baldwin. Soixante ans les séparent, un lieu les réunit, et même si les choses ont changé, le racisme persiste.
I am not your Negro
Dans ses dernières années, James Baldwin a commencé la rédaction d’un livre sur l’Amérique à partir des portraits de ses trois amis assassinés, figures de la lutte pour les droits civiques : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr. Partant de ce livre inachevé, Raoul Peck a reconstitué la pensée de Baldwin en s’aidant des notes prises par l’écrivain, ses discours et ses lettres.
Il en a fait un documentaire salué dans le monde entier, sélectionné aux Oscars et remportant le César 2018 et aujourd’hui devenu un livre, formidable introduction à l’œuvre de James Baldwin.
Un voyage kaléidoscopique qui révèle sa vision tragique, profonde et pleine d’humanité de l’histoire des Noirs aux Etats-Unis et de l’aveuglement de l’Occident.
Little Man, little man
James Baldwin appelait cet ouvrage, « mon livre d’enfant pour les adultes ». Le voici enfin publié en français par les Editions Denoël à l’occasion du centenaire. TJ, quatre ans, passe ses jours dans son quartier de Harlem à jouer avec ses meilleurs copains, WT et Blinky-la-Clignoteuse, et à faire des courses pour ses voisins. A chaque pas de son apprentissage, ce « Little Man », tout petit homme avec des rêves hauts comme des gratte-ciels, se trouve confronté au monde adulte et à ses dures réalités. C’est par sa voix singulière et ses yeux d’enfant que le lecteur découvre de l’intérieur la vie urbaine noire des années 1970, où la pauvreté, les inégalités sociales, la violence et la ségrégation continuent de faire leurs ravages. Pour l’illustrer, il avait fait appel au peintre parisien Yoran Cazac, l’un de ses amis proches.
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