Charles Bukowski
Tempête pour les morts et les vivants
Les éditions Au Diable Vauvert nous ont concocté une anthologie de poèmes inédits de Charles Bukowski.
Tempête pour les morts et le vivants Parues dans d’obscures magazines, chinées dans des collections privées ou des bibliothèques, ces poésies sont à l’image de l’auteur : aux antipodes de la littératures académiques.
Rythmée, transgressive, profonde et hilarante, de la poésie comme je l’aime…
Charles Bukowski est mon misogyne préféré. C’est ainsi, je ne lutte pas contre cette contradiction. L’auteur me touche profondément, me bouleverse parfois jusqu’au larmes tout comme il me fait grogner de rire.
Il est bien possible que je déteste l’homme, celui avec qui je pourrais partager un verre dans la vie qu’on appelle vraie. Sauf qu’il est mort et que je ne le saurai jamais. Ce que je sais c’est que ses mots vont droit aux tripes et j’adore cela.
File dans ta tombe sans faire de saletés
tout le monde s’en fout
tout le monde s’en contrefout
tu savais pas ?
Tu l’avais oublié ?
Tout le monde s’en bat les reinsmême ces empreintes de pas
qui semblent aller quelque part
ne mènent nulle part
tu peux prendre les choses à cœur
mais tout le monde s’en foutc’est la première leçon qui mène à la sagesse
apprends-le….
pense au vert, pense aux arbres, pense à l’eau,
pense à la chance et à la gloire de toute sorte
mais garde-toi
le plus tôt possible
de dépendre de l’amour
ou d’attendre qu’on t’aime
en retour
personne n’en à rien à foutre
Jeune, Bukowski vit dans des hôtels, vivotant entre petits boulots, aventures sans lendemain et virées nocturnes dans les bars de son quartier. Il erre à travers les États-Unis, ses premiers écrits racontent cette vie chaotique qu’il a choisi. Errance, femmes, alcool et misère sont les grands thèmes de ses premiers livres. Il est peu publié, à 25 ans il cesse complètement d’écrire et devient facteur, petit boulot qu’il ne pense pas garder longtemps mais qu’il exercera plusieurs années. De mariages en divorces, de champs de courses en bars écumés, il finit par rencontrer un petit succès, il est publié dans une revue aux côtés d’Allen Ginsberg, Jack Kerouac et William Burroughs.
Auteur de la Beat Generation ? Bukowski l’a toujours renié. Le public, lui, l’encense après la sortie du Journal d’un vieux dégueulasse. C’est à partir de cet ouvrage qu’il peut se consacrer pleinement à l’écriture. En vérité, tout Bukowski est déjà dans ce Journal d’un vieux dégueulasse: Charles l’esprit libre, sceptique, mais furieux, règle ses comptes avec l’univers tout entier. Avec son père, sa mère, ses copains d’école, comme avec les puissants, qu’ils siègent à la Maison Blanche ou à Wall Street. Avec les paris truqués comme avec les truqueurs de la révolution. Sans oublier ces arbitres du bon goût littéraire qui l’avaient si souvent méprisé. Le Journal d’un vieux dégueulasse est le drapeau qu’on brandit sur les débris crasseux d’une vie marginale. Un classique de la littérature contestataire, qui conserve, aujourd’hui encore, toute sa force !
Ma première rencontre avec Charles Bukowski se fait par ses Contes de la folies ordinaires. Recueil de nouvelles, au vitriol, sans pitié. Ni pour le monde, ni pour la vie, ni pour lui, ni pour les femmes qu’il culbute à tout va. Bukowski devait être de ces amants qui prend une femme sans plus de raison qu’on est équipé pour s’emboîter et de s’endormir quelques secondes après un déhanchement chaotique, ronflant son trop plein d’alcool sur une peau redevenue anonyme. Quel tableau n’est-ce pas ? Pourtant comme il en parle bien de ce tableau… C’est cru, sale et provocant. C’est miséreux, détestable et désespérant. Tant de nihilisme en devient jouissif.
« Erections, ejaculations, exhibitions and general tales of ordinary madness » voilà le titre du recueil en anglais… Ne vous attendez à rien d’autre que cela. Mais laissez-vous surprendre puisque dans le fond « la vie ne vaut d’être vécue qu’entre un comptoir et un lit. »
Je continuais mon immersion dans la Bukowski planet par le Journal d’un vieux dégueulasse et tombais définitivement amoureuse de son univers. C’est avec Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines que je découvrais le poète. Un recueil amoureusement, et douloureusement dédié à Jane, femme encore plus alcoolique et décadente que l’auteur lui même.
Charles aimera Jane et la quittera.
Charles écrira sur Jane et vous aimerez.
N’espérez pas trouver dans ses mots le romantisme d’un Lamartine mais bel et bien une rage d’aimer, une beauté destructive et une crasse sublime de la vie…
Il sublime la misère, anoblit l’amertume et magnifie la tristesse. La nostalgie comme drapeau, la douleur comme couverture et le noir profond comme encre à sa plume…
S’il est un ouvrage de Charles que je n’ai pas encore lu, c’est Women. Je tiens à garder ma romance livresque avec l’auteur et je crains que ce livre m’écarte définitivement de lui pour ne me laisser plus que le phallocrate en souvenir.
Mais qui sait, je peux me tromper…
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