Faits divers:
Nom commun appartenant au langage du journalisme. Événement peu important mais faisant sensation et rapporté dans les journaux. Événement du jour, relaté dans les journaux, sans lien avec le reste de l’actualité, ni international, ni national, ni politique, ni économie. Par conséquent, les faits divers sont regroupés au sein d’une même rubrique, malgré l’absence de lien qui les unisse. Il s’agit généralement d’événements tragiques, tels que les crimes, les accidents, les larcins énonçables en trois lignes. Pourtant, les faits divers ont un pouvoir incroyable sur nous: ils fascinent par leur traitement; on en fait souvent un fait de société…
« Il y a des milliers de Daniel qui vivent en solitude, en précarité, en vulnérabilité à la campagne. De l’autre côté, il y a des milliers de jeunes gens sans perspective qui habitent dans des quartiers à problèmes, et surtout il y a l’indifférence de la société, il y a l’insensibilité, le manque d’empathie. Ce livre est un exercice d’empathie, pour moi d’abord et pour le lecteur. Est-ce qu’on peut se mettre dans la peau d’un vieil ermite ou d’un jeune meurtrier? Est-ce qu’on peut penser avec eux? La dernière phrase de mon livre, après la rencontre avec le pire meurtrier en prison, est « il se lève, se penche au-dessus de la table et me tend la main » Je laisse le lecteur avec cette question: est-ce que moi je veux serrer la main du meurtrier de mon oncle? C’est un exercice d’empathie. » Chris de Stoop
Une vie rustique, une mort tragique
Le Livre de Daniel est un fait divers. C’est l’histoire tragique d’un homme de huitante-quatre ans, Daniel Maroy, assassiné à coups de fourche dans sa ferme isolée, par des jeunes paumés de Roubaix qui veulent de l’argent, le filment avec leurs téléphones portables et font circuler la vidéo de sa mise à mort sans aucune empathie.
Le Livre de Daniel, c’est aussi l’histoire de Chris de Stoop, le neveu de Daniel, qui, après avoir enquêté dans le village Belge, décide de se porter partie civile au procès des bourreaux de son oncle. Il ne cherche pas réparation ; ce qu’il cherche, c’est à comprendre ce qui a mené cinq jeunes désœuvrés au meurtre.
Le Livre de Daniel est un livre de solitudes…
La solitude de son oncle: Daniel vieil ermite qui a choisi de vivre en marge du monde, fermier passionné par sa terre, se méfiant des banques, vieux crasseux exclu d’une société qu’il ne comprend plus et qui le lui rend bien.
La solitude de cette bande de jeunes, désœuvrés, sans avenir ou si peu… Tout juste majeurs, ils rêvent de paraitre à défaut d’être. De posséder à défaut de construire. L’argent facile, la déshumanisation de l’autre, une jeunesse abimée.
La solitude des campagnes, et de ses villages « où l’on se tait dans toutes les langues », en marge de la modernité, suspendus dans le temps.
La solitude de la justice avec ses tribunaux délabrés et ses plaidoiries aseptisées.
Chris de Stoop est journaliste, il se portera partie civile au procès de son oncle. Sans avocat, il pourra donc s’entretenir personnellement avec les meurtriers de son parent. Son livre est une enquête d’une finesse incroyable mais aussi une sépulture pour Daniel, un homme incroyable… Un récit sobre et pourtant bouleversant. L’émotion vous prend la gorge, comme si le lecteur voulait contrebalancer l’indifférence dans laquelle Daniel a vécu. L’indifférence dans laquelle ces jeunes ont grandi. L’indifférence dans laquelle ils sont devenus des criminels. L’indifférence dans laquelle un homme est mort. Parce que tout est injuste dans cette histoire…
De Daniel, il ne restait plus qu’une photo, la seule prise de lui, quarante ans avant sa mort. A présent, il reste son portrait, gravé en vous pour toujours.
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