C’est toujours un réel bonheur de découvrir un nouvel auteur, un nouveau roman qui nous prend aux tripes et qu’on ne peut lâcher.
Santiago Pajares nous offre ce récit sublime emprunt de simplicité et d’espoir, d’une profondeur poignante sans compter cette résonance actuelle saisissante.
Ionah est né après le « grand changement », dans un petit appentis en plein milieu du désert. Il n’a jamais connu la pluie, jamais vu la mer et ne connais que sa mère.
Ils sont seuls et n’ont pour vivre qu’un puits creuser à mains nues, des dattes et des pièges pour les lézards.
Parfois, Ionah lève les yeux vers le ciel brûlant et imagine la sensation de millions de gouttes d’eau sur sa peau. Mais lorsqu’il aperçoit de lourds nuages au loin, perché sur le toit de son appentis, il sait qu’ils ne seront pas porteurs de pluie. Car les tempêtes de sable sont là pour lui rappeler que le désert les tolère. Mais lui ne tolérera bientôt plus l’aride solitude.
Sa mère le sait, un jour viendra où il désirera ardemment entendre d’autres voies que la sienne. Toute sa vie et jusqu’à son dernier souffle, elle lui apprendra la survie.
« Cette nuit là, je rêvai de nouveau de la silhouette dans les dunes. J’ouvris les yeux et mère dormait encore. Je lui touchai l’épaule.
– Mère …
– Oui ?
– Parfois, j’aimerais que quelqu’un vienne, même si c’est pour nous faire du mal. »
» Mère est morte. Elle s’appelait Aashta. Cela signifie « foi ». Quand je lui avais demandé la signification de son nom, elle m’avait répondu : la foi, c’est ce qui te reste quand il ne te reste plus rien. »
C’est ainsi que Ionah arrive au tournant de sa vie après la mort de sa mère, la seule personne qui lui donnait la force de poursuivre cette vie couper du reste du monde.
Santiago Pajares nous offre dans cette fable courte et pénétrante une magnifique leçon de vie. Sans aucune mièvrerie ni discours moralisateur, simplement par des dialogues d’une simplicité qui nous touche droit au cœur, nous suivons le destin de Ionah et son retour à la civilisation, sûrement le dernier être innocent sur une terre détruite par la hargne des hommes.
« Imaginer la pluie » s’attache à l’inventaire de ce qui est réellement indispensable à notre bonheur.
Un petit bijou de lecture.
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