Le roman noir a cela d’intéressant qu’il n’a pas de frontière, pas de ligne directrice, pas de limite. Il peut tout à fait se passer en plein cœur de Nem-York, comme dans un trou perdu dans les montagnes Géorgienne.
C’est dans cette région méconnue du public et de la littérature que nous allons embarquer aujourd’hui et quand on voit ce qu’il peut s’y passer, on comprend que bien peu y mettent les pieds…
Originaire de Géorgie et pompier de son état, Brian Panowich est l’auteur de plusieurs livres dont seul un est édité chez nous par les éditions Actes Sud, connues pour leur publications pointues, tant en littérature qu’en polar.
Salué par le public autant que par la critique, le voici enfin sorti en poche en ce début mars.
Sur les hauteurs de Bull Moutain, au nord de la Géorgie, règne la famille Burroughs.
Chez eux, on est hors-la-loi de père en fils comme une longue tradition et surtout malédiction que l’on traîne avec soi au quotidien.
Écoulant alcool de contrebande, marijuana et méthamphétamine, ils se sont créé un véritable temple à l’illégalité et gare à ceux qui essayeraient de les déloger.
L’histoire prend place sur trois générations : Le grand-père dans les années 50, le père dans les années 80 et enfin les enfants de nos jours.
Toute la lignée s’est pliée à l’entreprise familiale sauf Clayton, le dernier. Lui, a voulu rompre avec ce règne de la violence et s’est même fait élire shérif de la ville au pied de la montagne,
comme pour leur tendre un vrai pied de nez.
Ses journées sont rythmées par quelques affaires de vol et de bagarres de bar, ce qui lui convient parfaitement et lui permet d’éviter de penser à la bouteille et d’ignorer son frère aîné, resté en haut.
Sa vie sera chamboulée lorsqu’un matin comme les autres, l’agent Holly de l’ATF passe la porte de son bureau pour lui demander son aide.
En effet, ce dernier veut faire tomber un gros trafiquant d’armes et de drogue en Floride et veut passer par le chef de Bull Mountain pour cela.
C’est en partant de ce point de départ que Brian Panowich nous tisse toutes les ramifications de cette famille. Changeant d’époques et de ton régulièrement, passant d’un personnage à l’autre avec une facilité presque énervante, il nous entraîne dans un récit brut, sans concession et pourtant poétique sur l’héritage familiale, les actions des pères et conséquences des fils et la vie géorgienne en général.
Je ne peux donc que vous conseiller de vous jeter sur ce livre qui devrait changer votre manière de voir les petites bourgades américaines.
Extrait :
– La famille, dit le vieil homme pour personne.
Ses mots restèrent en suspens dans un nuage d’haleine givrée avant de se dissiper dans le brouillard du petit matin.
Riley Burroughs utilisait ce mot comme un charpentier se sert d’un marteau. Parfois il ne lui donnait qu’un petit coup en douceur pour orienter un proche vers sa façon de penser, mais il arrivait aussi qu’il l’assène avec toute la subtilité d’une masse de cinq kilos.
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