Pulp my Switzerland
Ou quand nos traditions sont assaisonnées de zombies, de sexe et d’hémoglobine!
En octobre 2019, soufflait un vent nouveau dans l’édition suisse : un vent aux relents de souffre, d’hémoglobine et de bile. Cette bise indomptable porte un nom : Gore des Alpes !
Le Gore des Alpes, c’est de l’horreur, du macabre, du funeste. C’est le verso de la carte postale idyllique que tu envoies à tes grands-parents quand tu pars en vacances. Le Gore des Alpes, c’est aussi du sexe, douleur et plaisir, fluides corporels mélangés. Le Gore des Alpes, c’est de l’humour. Noir, cynique, qui fait mouche à chaque fois. Délicieux hommage aux Pulp des années 50, la collection politiquement incorrecte propose une vision terrifiante et grotesque de nos traditions montagnardes ! Philippe Battaglia, Gabriel Bender et Olive ouvrent les hostilités avec trois sujets qui vous emmènent respectivement au pied du barrage de la Grande Dixence, dans les tréfonds moites du clergé et dans un road trip d’abus en tous genres ! Je vous présentais leurs premiers méfaits ici.
A l’été 2020, la collection signe trois nouveaux titres et assied définitivement sa mauvaise réputation ! Stephanie Glassey, François Maret et Jordi Gabioud rejoignent les rangs de cette Injustice League pour débattre de l’avortement, de football et du troisième âge ! Là encore l’exercice est réussi ! Je peux même vous annoncer que Marie-Ange, personnage principal de l’Eventreuse, est devenue mon héroïne littéraire préférée de cette année 2020 !
C’était il y a un an que débutait l’aventure. Octobre 2020, la terreur du Terroir s’abat à nouveau sur nos sommets avec trois indécentes publications !
Vipères Voraces par Joël Jenzer
En cet été 1941, quand l’herpétologue Adrian Thompson arrive à l’hôtel Weisshorn, dans le val d’Anniviers, il ne s’attend pas à se retrouver face à de mystérieuses vipères tueuses. En cette période trouble de Seconde Guerre mondiale, si ces serpents sont sans pitié, les pires ennemis qu’il va côtoyer ne seront pas forcément des animaux rampants. Un récit qui, à défaut de faire avaler des couleuvres, sonde le cerveau reptilien de l’âme humaine.
« Par l’ouverture de la tente, Schmidt assistait à la scène, pétrifié : il vit encore la première vipère arracher un morceau de la cuisse de sa proie et le manger en deux bouchées. Jamais jusqu’ici, durant sa longue carrière, il n’avait rencontré de serpents avaleurs de chair humaine. »
Joël Jenzer a peur des serpents, mais il apprécie sa plume, avec laquelle il écrit des vérités en tant que romancier et des mensonges en tant que journaliste.
Du roman noir, Joël Jenzer avait deja prouvé sa qualité d’auteur avec Enflammés et question malaise, son Serial Sniffer n’est pas en reste! Dans Vipères Voraces, notre célèbre journaliste allie les deux avec succès!
La fête de la vicieuse par Philippe Battaglia
En L’Haut La Pointe est un charmant petit village comme il n’en existe que sur les cartes postales. On y trouve de petites maisons qui bordent la rivière sur- nommée La Vicieuse par les habitants du cru. Mais à la veille des célébrations campagnardes de la Fête de la Vicieuse, un être difforme aux origines occultes s’évade de la cave où il était retenu. Battaglia vous entraîne dans l’œil d’un cy- clone de sang, de foutre et de hurlements et vous force à vous poser l’unique question : qui sont les monstres?
« Deldemed ! »
Philippe Battaglia vend des maisons pour vivre et des livres pour survivre.Je ne vous le cache pas, Battaglia est mon chouchou. J’aime profondément sa plume. Outre son prestigieux poste de directeur de collection Gore, il écrit d’autres romans qu’il faut lire à tout prix (ça tombe bien, ils ne sont pas si chers) La fête de la Vicieuse est délicieusement décadent et résolument féministe!
Les démons du pierrier par Jean-François Fournier
Les Démons du pierrier, c’est la dérive vers l’horreur d’un village de montagne confronté à l’émergence de la modernité. Un curé fou, des élus pleutres, des paysans décadents et une jeunesse qui veut rendre sa propre justice : voilà les ingrédients d’une épopée où se mêlent Dieu et le diable, la sorcellerie et le sata- nisme, et surtout, une violence et une sexualité débridées. Un hommage infer- nal à Necrorian, l’auteur culte de la littérature gore avec son mythique Blood- Sex !
« Et toi Satan, réjouis-toi : ton peuple a grandi et le monde moderne qui te nie, tu y habites à présent, tu t’y vautres comme sur les roses pourries d’un fumier aux fades senteurs. »
Romancier, dramaturge et biographe, Jean-François Fournier hante la littérature suisse depuis trois décennies de sa plume ravageuse, libre et solitaire. Que d’outrage et de démesure dans ce pierrier! Pas si étonnant quand on connait la plume grandiloquente de l’ancien rédacteur en chef du célèbre (et seul) journal (d’opinion) d’information valaisan! Vous pouvez d’ailleurs apprécier régulièrement cette plume dans une plus belle plume
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