François Weyergans est mort.
D’origine belge, il fut académicien, et surtout l’un des rares à avoir reçu le Prix Renaudot et le prix Goncourt.
Le premier livre que j’ai lu de François Weyergans est Macaire Le Copte publié en 1981. Une littérature forte, une densité que j’ai rencontré également dans l’Oeuvre au noir de Marguerite Yourcenar.
L’histoire de Macaire. Il vit dans le désert d’Égypte au IVème siècle après Jésus-Christ. Macaire est tour à tour esclave, fugitif, apprenti magicien et boulanger. Cette errance cesse lorsqu’il rencontre un ermite qui va lui parler de Jésus. Il décide donc de prendre le désert pour rencontrer Dieu. Il se fait ascète et apprend que la vie d’ascète est dépossession, détachement. Cet acte lui permet de commencer sa traversée du désert en recommandant son corps à Dieu alors que lui-même se mettrait entièrement à nourrir son esprit. L’auteur enseigne également dans ce récit que la route qui conduit à la sanctification implique la présence d’un maître spirituel censé guider le néo ermite dans sa marche. Macaire ne déroge pas à cela. Bien au contraire il connaît aussi une traversée de pères spirituels jusqu’à ce qu’il devienne lui-même un ermite fort renommé :
« Plus tard, un jeune homme vint le trouver. Il arrivait d’Alexandrie et voulait devenir son disciple » .
Si le désert est au départ le lieu où Macaire cherche à faire l’expérience de Dieu, il deviendra finalement le lieu de la rencontre avec soi-même. En effet, en cherchant à connaître ce Dieu Tout Puissant, il va comprendre que celui-ci est en chaque homme, qu’il est chacun d’entre nous et ce n’est qu’en soi que cette rencontre peut s’accomplir.
« Le Dieu que tu cherches lui dit un homme hirsute, c’est toi. Si tu cherches Dieu ailleurs, la route sera longue et stérile »
Mais c’est « Trois jours chez ma mère » qui lui apporte le prix Goncourt en 2005. Une histoire, son histoire, celle de son double qui tient en 260 pages, une autre approche de la quête. Le héro est un homme désemparé, presque prosaïque qui n’arrive pas à finir son roman, aux antipodes de Macaire, et qui décide, le jour de ses cinquante ans de savoir où il en est. Il voudrait changer de vie, de métier, de femme, de ville, et même d’époque !
« Je refuse, se dit-il, le côté vomitoire de celui qui se penche sur son passé, je veux m’élancer vers le futur ».
Cependant, il ne peut s’abolir ce passé dont il voudrait se délivrer….
François Weyergans est mort lui qui adorait Tintin et la Bible.
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